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Ce livre est pensé comme un exercice d'entrelecture qui croise les oeuvres de Roland Barthes (1915-1980) et de Pascal Quignard (1948). Il prend le parti de relier ces deux générations d'écrivain pour mettre en tension plusieurs enjeux théoriques qui, à l'échelle de la littérature française, ont convergé entre la fin du 20e siècle et le début du 21e siècle. Il s'intéresse plus particulièrement à ce courant d'auteurs qui a choisi de maintenir, dans les marges d'une écriture littérairement assumée, une forte ambition spéculative.
L'ouvrage met alors au jour les différents arguments qui sous-tendent cette ressaisie des savoirs par la littérature. La question qui l'anime est d'ordre généalogique : il cherche à comprendre ce que la " littérarisation " des formes du discours savant (philosophie, anthropologie, psychanalyse, philologie, etc.) peut nous dire, en retour, de l'idée que la littérature se fait d'elle-même. Il montre ainsi combien cette revendication d'un savoir de la littérature tient à la fois de la fierté et de la résistance : de plus en plus contestée dans sa capacité à formuler des vérités, la littérature entend faire de sa relégation symbolique le lieu même d'une réaffirmation statutaire.
A chacun des chapitres correspond alors un faisceau de problématiques que l'on retrouve au carrefour des oeuvres de Barthes et de Quignard : la concurrence des sciences et des lettres, la résurgence de la rhétorique dans la pensée littéraire, la mise en scène de la figure du " lettré ", la spectacularisation du rapport affecté au langage, la marginalisation héroïque de l'écrivain. De la revue Tel Quel aux Cahiers de L'Ephémère, de Bataille à Derrida, en passant par Rousseau et Lévi-Strauss, ce livre s'inscrit dans le jeu brouillé des généalogies pour retisser des solidarités inédites.
A rebours d'une pensée de la fin de la littérature, il retrace l'histoire d'un certain " orgueil " de la littérature, symptomatique – lui aussi – du dernier tournant de siècle.