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Ecrire sur le passé, les pieds empêtrés dans un tapis de prière, qui ne serait pas même une natte de jute ou de crin, jetée au hasard sur la poussière d'un chemin à l'aurore, ou au pied d'une dune friable, sous le ciel immense d'un soleil couchant. Silence de l'écriture, vent du désert qui tourne sa meule inexorable, alors que ma main court, que la langue du père (langue d'ailleurs muée en langue paternelle) dénoue peu à peu, sûrement, les langes de l'amour mort ; et le murmure affaibli des aïeules loin derrière, la plainte hululante des sombres voilées flottant à l'horizon, tant de voix s'éclaboussent dans un lent vertige de deuil - alors que ma main court.
Longtemps, j'ai cru qu'écrire c'était s'enfuir, ou tout au moins se précipiter, sous ce ciel immense, dans la poussière du chemin, au pied de la dune friable... Longtemps.