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Après quatre années passées à Annawadi, bidonville proche de l'aéroport de Bombay, et à travers les yeux d'Abdul, qui rêve de justice et d'un lopin de terre, de Manju, qui fonde son avenir sur la lecture de Mrs Dalloway, et de Fatima l'unijambiste, indicible figure de l'horreur, Katerine Boo rappelle ce qu'être misérable veut dire. À Annawadi, 3000 personnes s'entassent dans quelque 300 masures étayées de ruban adhésif et de corde, que domine la silhouette des palaces des environs de l'aéroport.
Mais cette opposition ne dérive pas vers la caricature, l'auteure ne tombant jamais dans la leçon de morale. Bien plus, elle restitue de manière inoubliable ce lieu grouillant de vie en tentant de répondre à la question de savoir "pourquoi les pauvres supportent la misère ?" "Pourquoi un endroit comme la route de l'aéroport, longée de tous ces bidonvilles, ne ressemble pas à un jeu vidéo insurrectionnel ?" " Pourquoi nos sociétés inégales n'implosent pas ?".
C'est que Katherine Boo découvre que les individus misérables rendent responsables de leur sort d'autres individus misérables, au lieu d'afficher leur solidarité et de porter leur révolte dans la rue.