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Quelle ide les contemporains de Louis XIV se faisaient-il de l'amour ? cette question, une analyse de la reprsentation littraire apporte une rponse toute simple. Le galant homme continue faire l'amour, c'est--dire le parler, selon les vieilles rgles de la courtoisie romanesque. Amoureux transi, il se soumet sans murmure aux caprices de dames inexorables. Celles-ci deviennent, en thorie, les reines du monde et, dfaut de possessions plus solides, elles rgnent en effet sur les divertissements, les ftes et les romans.
Leurs soupirants, dsinvoltes et narquois, promettent tous de mourir d'amour, mais jamais aucun n'a tenu parole. L'amour mondain est le plus grand jeu de socit jamais pratiqu, et le plus dnu de sincrit. Quant aux ralits sous-jacentes, on feint de les oublier pour faire semblant de croire une utopie facile o le Dieu Amour offre tous et toutes le bonheur, sous condition de respecter ses lois et de bannir les empcheurs d'aimer que sont les pres, les maris, les jaloux et les Prcieuses.
ces dernires, on a souvent reproch leur mauvais got et leur influence pernicieuse sur la langue, moins que l'on n'en fasse les premires fministes de notre histoire. Il et d'abord fallu vrifier qu'elles avaient bien exist ; or leur ralit historique semble aussi problmatique que celle de la dent d'or de Fontenelle. Cette invention commode a d'abord permis la socit galante de caricaturer certains de ses propres dfauts, puis les censeurs des gnrations suivantes se sont empars du mythe de la prciosit pour sparer le bon grain de l'ivraie littraire.
Voici quelques-unes des singulires dcouvertes que l'on peut faire en accompagnant les mondains du sicle de Louis XIV dans leur recherche de l'amour, de la Carte de Tendre aux Lettres portugaises.