Adieu cher Gadjo

"?Jamais trois jours ne me parurent aussi longs. Le dimanche, pourtant très ensoleillé, se traînait dans l'ennui. J'essayai vainement de m'intéresser à une lecture, puis à un match de tennis à la télévision : impossible d'accrocher. Je ne pensais qu'à Solange, oubliant jusqu'à mes gitanes. Je préparais mes phrases, je prévoyais ses questions et mes réponses. Puis je l'imaginais chez moi : le petit salon, la lumière douce, la musique.
Au fait, quelle sorte de musique ? Moderne ? Classique ? Danse ? Que pouvaient être les goûts d'une violoniste, en la matière ? Aurais-je les disques appropriés ? André pourrait-il m'en prêter ? Puis le champagne, un voluptueux tango, le premier baiser, la chambre. Trop tôt, peut-être, la chambre ! Un autre jour alors ? Etait-elle du genre impatient, ou au contraire préférait-elle de délicieuses prémices ? Je risquais de la décevoir… ou de la choquer.
Et son âge ? Trente-cinq ans ? Plus ? Je maudissais la pendule dont les aiguilles faisaient un surplace exaspérant".