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"Ce jour-là, quelque chose sortait de l'ordinaire, les yeux de Gabrielle étaient arrimés aux siens d'une étrange façon. Une manière de faire qu'il ne lui connaissait pas, la paupière haute, volontaire, et le chignon mal arrangé, des mèches blondes éparpillées sur un visage d'ange. C'est une sauvageonne qui lui tend le Goncourt de l'année, un roman d'Ernest Pérochon, en sifflant qu'il est édifiant.
Sans doute y trouvera-t-il matière à sermon...". France, 1920. Lorsque Adelphe reçoit des mains de Gabrielle un exemplaire de Nèfle, Goncourt de l'année, le bon pasteur est si troublé par sa belle paroissienne qu'il en oublie presque le contenu du livre. Il le conseille bientôt distraitement à ses fidèles, à sa bonne, puis au village tout entier... Sans se douter qu'il vient de réveiller, parmi les femmes de sa paisible bourgade, un puissant désir de révolution.
Prix Erckmann Chatrian 2020.
Adelphe, un pasteur chahuté par les femmes
Dans ce roman doux-amer, l’auteure (« longtemps flemmarde » avant de devenir écrivaine) nous dépeint, avec une pointe d’ironie, Adelphe Delalande, un pasteur très humain, très à l’écoute, et pourtant déboussolé par ses paroissiennes. Des femmes qui, aidées par leurs lectures, revendiquent toutes une nouvelle vie après la Grande Guerre de 14-18. Avec toute son empathie d’homme religieux, ce pasteur est entraîné malgré lui dans des choix d’homme tout court. Les femmes qui gravitent autour de lui sont si déterminées dans leurs propres désirs qu’il ne peut que se laisser emporter telle une feuille posée sur les flots d’un fleuve. Et c’est jubilatoire. Un roman plein de tendresse. Un très bel hommage au deuxième roman « Nêne » d’Ernest Pérochon, prix Goncourt 1920.