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Artiste d'une profonde originalité au sein du mouvement néo-impressionniste, Achille Laugé (1861-1944) quitte son village de l'Aude pour suivre l'apprentissage des Beaux-arts à Toulouse puis à Paris. Durant son séjour parisien, en compagnie de ses amis Antoine Bourdelle, Aristide Maillol, Henri Martin, il goûte peu l'enseignement académique mais s'enthousiasme comme toute sa génération pour la peinture de Puvis de Chavannes.
Au Salon des Indépendants, l'oeuvre révolutionnaire de Seurat, Un dimanche à l'lle de la Grande Jatte, bouleverse sa vision de la peinture. Mais c'est seulement après son retour vers sa terre natale en 1888, loin des cercles parisiens, qu'il adopte la division du ton. Recréant cette manière plutôt que la recevant, il y vient seul, comme obligé face à l'intensité de la lumière méridionale, devant les paysages de Cailhau.
Résistant aux critiques - plus nombreuses que les encouragements d'un petit cénacle d'amis éclairés - il juxtapose les couleurs pures, expérimente intuitivement plus que scientifiquement les rapports des primaires et des complémentaires. Passant au cours de la décennie 1890 du petit point serré à un fin treillis de hachures, il obtient une vibration colorée qui respecte la loi du contraste simultané.
A partir de 1905-1910 il élargit sa touche sans renoncer à la division des couleurs. Travaillant toujours sur les mêmes sites - ceux qui constituent son environnement immédiat - il refuse le pittoresque ou l'anecdote, privilégie les constructions géométriques, synthétise les formes, produisant des oeuvres empreintes de silence et de vide lumineux. Fait rare chez les néo-impressionnistes français, il consacre une grande part de son oeuvre aux portraits et aux natures mortes.
Traités avec la même technique divisionniste, observés avec justesse et poésie, les fleurs ou fruits de son jardin, comme les effigies de ses proches, comptent pour certains parmi les chefs d'oeuvre du néo-impressionnisme. Son art, associant fraîcheur, simplicité et rigueur exigeante, est d la fois de sensibilité émue et d'une raison maîtrisée, écrit son ami Bourdelle.