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Ils furent, hier, 119 élèves de l'externat Saint-Maurille, à être, dans la tragédie de la Grande Guerre, fauchés, pour la majeure partie d'entre eux, dans leur printemps. Pour qui ? Pourquoi ? Ils sont aujourd'hui 57 élèves de ce lycée d'Angers, devenu "Saint-Martin",à avoir, pendant trois années, enquêté sur leurs lointains et anonymes prédécesseurs. Il ne s'agissait pas, dans le cadre de l'enseignement d'exploration Littérature et Société, de répondre à l'injonction du "devoir de mémoire", mais bien de participer à ce que Jorge Semprun qualifiait très justement de "devoir de connaissance historique".
Trait d'union d'une improbable rencontre, qu'un siècle sépare mais qu'un même lieu rend possible, ce travail aboutit dans un monde où les repères se brouillent, à un livre. Un livre de plus, sur la pile déjà haute des commémorations, mais un livre construit par des élèves qui surent, sur ces trois années de recherches, prendre le temps de la respiration et de la compréhension historiques, dans une époque où l'impatience s'érige en mode de fonctionnement.
Encadrée par quatre enseignants de lettres et d'histoire-géographie, cette démarche montre aussi qu'au-delà de la chronologie, les rendez-vous sont possibles. Ainsi en devenant passeuse de mémoire, la jeune génération a su, par un travail d'histoire, rendre hommage à ses aînés.