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Dans la maladie, le sujet fait l'expérience d'une violence démultipliée, l'assaillant de toutes parts. Violence faite au corps, par le mal et les traitements ; violence symbolique des discours, des regards et des jugements infligés au patient par la société et le milieu médical. Violence d'une marginalisation qui redouble la solitude d'un malade emprisonné dans sa souffrance. Pourtant, la philosophie est largement passée à côté de cette violence.
Elle n'aborde en général cette épreuve existentielle que de biais. comme paradigme pour penser l'anormal. Ce détour est significatif d'un malaise, celui de la pensée face à une violence inhérente au vivant lui-même. Comment appréhender ce pouvoir destructeur de la vie ? En quoi nous oblige-t-il à repenser entièrement le soin ? Pour quel bénéfice ?
"isoler la mort de la vie, voilà ce qu'il ne faut jamais faire"
Cette citation de Jean Luc Nancy donne le "la" de cet ouvrage... Claire Marin, après le très remarqué "Hors de moi" (éd; Allia), creuse à nouveau cette même belle et douloureuse thématique, dans ce livre de nature davantage universitaire et moins intimiste, et qui n'en laisse pas moins la part belle aux émotions. Implacable, la maladie nous enseigne à vivre, et nous exhorte à devenir philosophe. Dans le sens où Nietzsche, autre "grand malade", assigna précisément à ce dernier le rôle voire le devoir de conquérir et promouvoir la .."Grande Santé".. Une magnifique illustration du courage porté et nourri par le recours à l'écrit, où la dignité et l'intensité de la vie humaine sont transmises au lecteur.