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Teldj a trente ans, ancienne championne olympique, elle enseigne la littérature érotique arabe à l'université, sans cacher pour cela son attirance pour les femmes. Traumatisée par un viol subi enfant et peu de temps après par l'assassinat de sa mère pendant la décennie noire à la fin du siècle dernier, Teldj assiste lucide et horrifiée à l'émergence de l'obscurantisme et de la sauvagerie islamistes dans tout le Moyen-Orient à la faveur du prétendu printemps arabe.
Elle établit un parallèle entre les émeutes de 1988 qui ont mené l'Algérie à la guerre civile, et les révoltes arabes de 2011, dont l'échec flagrant a remis le pouvoir aux intégristes face à l'incompréhension et à l'impuissance des Occidentaux : un mauvais remake du scénario algérien des années 90. A travers ce roman puissant et âpre, plein de remous et de fureurs, c'est tout un siècle dévasté par les guerres et malmené par le progrès (1914-2014) que Teldj passe au fil de l'Histoire et de sa falsification ; avec beaucoup d'exaltation et de chagrin, Rachid Boudjedra pousse un cri d'alarme et de révolte.
Trop obsessionnel
La maison Grasset au dos du livre ne cache pas que "Printemps" est un cri d'alarme et de révolte. Oui l'homme, l'écrivain, est révolté, cela se sent. Cependant, malgré le bien-fondé de cette colère, la façon dont elle nous est assénée se révèle à la longue un peu pénible. Revenant sans cesse sur les mêmes faits jusqu'à plus soif, le lecteur que je suis a, au bout d'un moment, décroché et terminé péniblement sa lecture. Obsessionnel sur certains événements qui nous sont psalmodiés comme une prière, prière pour ne pas oublier qui nous sommes, d'où l'on vient et combien le monde est cruel, le romancier a fini par me lasser à force de redites. Heureusement, çà et là, restent des passages d'une force inouïe mais noyés dans cette hargne répétitive. Ils ne sont que quelques rares perles au milieu d'un discours qui finit par être dérangeant, non pas par le propos évidemment sincère, mais par cette obsession du complot qui se faufile au milieu de tous les événements décrits.
Sentiment mitigé pour ce "Printemps" à la parole évidemment rendue furieuse par un monde fanatique, analphabète, pétri de libéralisme, à la violence sourde et inquiétante, mais dont l'écriture obsessionnelle bien que légitime, pour les mêmes drames, finit par plonger le lecteur dans un certain ennui.