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La réflexion sur les conceptions grecques du temps s'est souvent déployée dans une perspective philosophique : temps circulaire, clôture du monde du mythe, partage entre le profane et le sacré. Mais qu'en pensaient les Grecs eux-mêmes ? Ceux-ci considéraient le déroulement du temps dans un espace précis et concret, dans lequel passé, présent et futur naviguaient entre mémoire poétique et pratique sociale.
Ces conceptions invitent donc à privilégier une approche de type anthropologique, tant il est vrai que les formes poétiques assumées par cette mémoire collective ritualisée reposent chez les Grecs sur de remarquables facultés de création symbolique entre narration et pratiques cultuelles. Après une réflexion sur nos manières contemporaines de mettre en discours les concepts de temps et d'espace, Claude Calame étudie ici tour à tour le récit poétique d'Hésiode sur l'histoire des hommes pour établir la justice dans la cité, la célébration chantée du héros athénien Thésée par Bacchylide dans un usage cultuel et idéologique, l'utilisation par la cité de Cyrène de l'acte héroïque de sa fondation légendaire pour réaffirmer une identité civique, les textes poétiques gravés sur des lamelles d'or pour assurer le passage rituel et initiatique des défunts dans un au-delà de bienheureux : Dionysos pour le passage, Perséphone pour l'éternité.