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Couronnée par le prix Nobel de littérature en 1990, l'œuvre du poète et essayiste mexicain Octavio Paz (1914-1998) illustre ce qui est peut-être la plus haute ambition de la poésie et de l'art modernes : " créer ", en marge de toute foi religieuse, " un nouveau sacré ". Critique du langage, aimantation des mots, le poème, selon Paz, est un " exercice " à la fois charnel et spirituel, un " pont " jeté vers l'Absolu.
Le silence auquel il conduit fait entrevoir, par-delà les images et l'Éros, une essentielle " transparence ". L'auteur s'est intéressé à la période centrale de l'œuvre (1949-1970). S'appuyant sur une abondante bibliographie critique, traduisant pour la première fois en français quelques textes majeurs, il a cherché à préciser de quels appuis Paz s'était servi pour élaborer sa poétique du sacré ; quelle était sa dette exacte envers de grands devanciers comme Otto, Soustelle, Eliade, Caillois, Monnerot, Breton ; quel rôle avait joué, à tel ou tel moment de son œuvre, l'exemple de Rimbaud, de Mallarmé, d'Eliot, ou encore de la poésie japonaise.
Interrogation des mythes mexicains - notamment de l'image obsessionnelle du sacrifice humain -, intériorisation du zen, du bouddhisme et de l'hindouisme tantriques, expérimentation incessante qui fait la synthèse de l'avant-garde avec de nombreuses traditions et de multiples imaginaires, la poésie de Paz poursuit à sa manière la tâche immémoriale de la religion qui vise à libérer l'homme du temps, en le plongeant dans " l'autre temps, le véritable, celui que nous cherchions sans le savoir : le présent, la présence ".