Biographie de Véronique Brésil
Au commencement était le verbe. Celui de l’autre. Il écrivait, je corrigeais. Nous nous aimions. Avant tout, je souhaitais respecter le créateur et sa création. Aussi mes interventions se sont-elles limitées à l’orthographe, la conjugaison, la typographie et la syntaxe, laissant l’architecture de l’édifice intacte. Ce fut le premier livre. Le sien. L’auteur récidiva. En effet, il me soumit quelques mois plus tard un second manuscrit.
Cette fois, je pris le texte à bras le corps, osant me livrer à des remodelages puissants et me risquant même à insérer au coeur de la version originale des paragraphes entiers de mon cru. Plus rien ne pouvait distinguer le mien du tien. Nous nous aimions comme des fous. Ce fut le deuxième livre. Le nôtre. Mais la plume commençait à me démanger moi aussi et je me mis à composer à mon tour, une dizaine de pages tout au plus.
Nous avions cessé de nous aimer. Je poursuivis donc en solitaire ce qui aurait pu devenir notre oeuvre de chair. Ce fut le troisième livre. Le mien.