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Dès lors que deux sujets se lient, un troisième espace psychique s'épanouit, celui de leur intersubjectivité. Ils le ressentent comme une autre réalité psychique. Et c'est comme si ensemble ils créaient un autre, un personnage tiers. Dans ce cas, le tiers est un fantasme, ou plus précisément un autre qui peut habiter un espace transitionnel. Mais le tiers est aussi un être réel qui suscite des réactions psychiques et nombre de fantasmes.
Trouble-fête ou facilitateur, il est vécu comme oppresseur ou entrave quand il s'attaque aux excès des deux autres sujets ou stimulateur quand il autorise leur épanouissement. Pour eux, le tiers est à la fois incontournable et déterminant. Agent de la séparation du lien primaire mère-enfant, il devient intrusif s'il est oublié, innovateur si ce lien stagne. Il est le maître du temps : si les deux sujets de la dyade persistent à s'installer dans l'éternité, il leur rappelle l'écoulement de la durée.
Le tiers est à la fois agent de la différence, de la diversité, de l'ouverture au monde, de la caducité, de la fin de toute chose. Ainsi conçu, le troisième espace, celui de l'intersubjectivité, ouvre une place qui sera occupée par ce cas particulier qu'est le témoin. L'émergence du tiers-témoin comme paradigme énonce que la subjectivité d'autrui nous apporte le modèle de transmission de la loi et une reconnaissance.
