S’il fallait décrire Le mystère du Pont Gustave Flaubert en un seul mot, je choisirais sans aucun doute le qualificatif « original ». L’originalité est la plus grande force de ce roman. Elle marque en effet ce livre du début à la fin, entraînant le lecteur autour du monde à différentes époques sur les traces de personnages de fiction ou historiques.
L’intrigue en elle-même paraît simple au premier abord : le vol d’un vélo, sur lequel le détective privé Jules Kostelos doit enquêter, et qui a apparemment un lien avec le Pont Gustave-Flaubert et l’Armada, qui sera célébrée
sous peu à Rouen. Il a ensuite fallu l’imagination débordante de Pierre Thiry pour faire de cet incident un livre aussi agréable qu’intriguant.
Les protagonistes sont inhabituels, quelque peu farfelus, et hauts en couleurs. Du chat anglais Charles Hockolmess à la mystérieuse bibliothécaire Salammbô, sans oublier ses antipathiques collègues Georges Astulf, Berualf Vetusga et Fulbert Astaguve, on ne s’ennuie pas une seule seconde. Viennent ensuite d’autres personnages, dont les noms ne nous sont pas inconnus : Napoléon, Giovanni Bottesini, Christophe Colomb, et bien évidemment, Gustave Flaubert. Jouant avec talent sur l’histoire et la fiction, l’auteur nous offre alors bien plus que la simple résolution d’un mystère.
Au fil des pages, les citations et références littéraires s’enchaînent, parfaitement intégrées à la narration. Grand nombre d’entre elles nous rappellent Flaubert mais, de Jules Verne à James Joyce, personne n’est laissé de côté. Se pose alors l’inévitable question : où est la frontière entre la fiction et la réalité ? Parmi les références historiques semées dans l’histoire, les jeux de mots et les anagrammes ainsi que les notes explicatives souvent teintées d’humour, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver.
Pierre Thiry se sert du Pont-Gustave Flaubert et de son histoire comme base et nous offre un roman hors du commun, dans un univers décalé, qui surprendra plus d’un lecteur. Grâce à une écriture agréable, le lecteur découvrira les quais de Rouen, avec un petit passage au Mexique et en Argentine ; les silhouettes impressionnantes des navires de l’Armada et les mélodies mystérieuses d’un opéra oublié. Une fois la dernière page tournée, on n’a qu’une seule envie : (re)découvrir Gustave Flaubert et son œuvre…
Bien que la lecture puisse être un peu déstabilisante au début en raison des nombreuses digressions et parenthèses, la chronologie présente à la fin de l’ouvrage aidera les amateurs de faits concret à faire la différence entre la fiction et la réalité… encore que quelques événements inattendus puissent s’y glisser.
Le mystère du Pont Gustave Flaubert est un livre magnifique, mêlant histoire et fiction, réalité et imagination, mots et musique... avec un résultat aussi inattendu qu’intéressant. Un livre surprenant et entraînant comme je n’en avais jamais lu auparavant ! Je le recommande à tous les amoureux de la littérature – et en particulier de Gustave Flaubert et de son œuvre – aux amateurs de musique, mais également à tous les lecteurs désireux de changer de genre et de découvrir quelque chose de tout à fait original et inattendu.
Je remercie chaleureusement Pierre Thiry de m’avoir offert son livre, et je m’excuse d’avoir tardé à publier ma chronique – ce qui ne signifie en aucun cas que la lecture ne m’a pas plu, bien au contraire. Merci également pour la dédicace personnalisée qui m’a fait très plaisir !
Le retour de Jules Kostelos...
Anticipation légère puisque nous sommes en 2017 et ode aux livres de papier, à la lecture pour commencer. Cela me parle, cela me touche immédiatement même si je ne rechigne pas à lire de temps en temps sur ma tablette / liseuse.
Belles références littéraires citées en notes en bas de pages pour les lecteurs qui ne veulent rien laisser au hasard, le reste de l'écriture est volontairement un peu désuète comme le personnage de Jules Kostelos que la modernité laisse de marbre, voir agace.
On pourrait avoir tendance à voir en Jules un Sherlock, mais Kostelos n'est pas Holmes. Les différences sont aussi notables que les ressemblances.
Beaucoup de recherches pour écrire ce roman, c'est indéniable. On est dans le détail, comment pointer celui qui fera mouche.
Jeu de mots, expressions travaillées, c'est une écriture peu banale. Originalité qui peut plaire, mais aussi lasser à force de trop vouloir bien faire, de trop rechercher à se démarquer. J'avoue, j'ai apprécié et puis, j'ai trouvé le temps un peu trop long, même si la mélodie des mots se poursuivait. Car oui, pour un lecteur un tant soit peu attentif, il y a bien une musique qui vient de cette prose. Elle sera différente pour chacun et à chaque lecture. C'est cela qui est presque magique.
L'œuvre de Gustave Flaubert est passée en partie entre mes mains. Je connais un peu l'affaire va-t-on dire sans être une experte pour autant.
J'ai des bons et moins bons souvenirs de ces lectures dites classiques aujourd'hui. Je suis donc mitigée et pas aussi éperdue de cet auteur que peut l'être Jules Kostelos ou même l'auteur (supposition). Cela n'aide pas, ceci étant dit essayez tout de même de lire ou relire un peu de Flaubert. Ne serait-ce que quelques passages de temps à autre. On y redécouvre de petits trésors. Cela m'arrive avec même d'autres auteurs que je n'avais pas trop apprécié par le passé.
Intrigue sympathique, qui n'est pas si banale. Cela change et on aime plutôt cela quand on est un gros lecteur. On cherche sans doute plus à être surpris car les ficelles, on finit par en reconnaître beaucoup. Là, c'est un beau mélange.
A noter pour les plus méticuleux quelques fautes de frappe qui rappellent que l'auteur s'auto-édite et qu'il ne bénéficie pas d'une structure de relecture minutieuse. On a beau se lire et relire, il en reste toujours trop, hélas. Il ne faut pas trop lui en tenir rigueur car cela arrive même aux plus grands.