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L’Épreuve de l’argent est un voyage dans les banques de détail en France au début du XXIe siècle. Pourquoi le contact avec la banque est-il un tourment de la vie ordinaire ? Et en quoi constitue-t-il une épreuve ? Les relations entre banquiers et clients, parfois violentes, souvent méfiantes, sont fondées sur des contradictions structurelles venant de deux définitions de ce qu’est la banque : une institution sociale assurant un service public ou un espace marchand poursuivant des buts uniquement monétaires.
Les banques françaises se sont ouvertes au grand public à la fin des années 1960. Elles étaient alors nationalisées et proposaient des produits encadrés par l'État. Depuis les années 1980, elles ont entamé un « tournant commercial » qui a transformé leurs modes de recrutement et leur management comme les services proposés aux clients, désormais regroupés en « segments » et en « profils ». Dans les années 1960 et 1970, le client bancaire « type » était un salarié disposant d’un revenu permanent, qui lui permettait de projeter épargne et crédits.
Alors que la situation de l’emploi a changé, que les carrières sont moins sûres, et que l’insertion professionnelle des jeunes générations s’est compliquée, les banques continuent à exiger une certaine stabilité, professionnelle, mais aussi personnelle et familiale. Cela les mène soit à rejeter une partie de leurs clients, soit à trouver des moyens de faire « comme si » les clients ressemblaient aux salariés stables nécessaires au commerce d’argent tel qu’elles l’ont organisé.
Les clients eux-mêmes font en sorte de ressembler au modèle exigé. Au travers d’entretiens avec des emprunteurs de crédit immobilier âgés de 25 à 40 ans, vivant en région parisienne et bénéficiant d’un capital culturel supérieur à leur capital économique, le livre donne à voir ces efforts de mise en conformité de soi avec l’image du « bon client bancaire ».