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" Son front a percuté mon arcade et nous sommes retombés comme deux vieux cadavres de guerriers dans une poussière maculée de sang. " Deux guerriers ? Oui, car la guerre sert ici de métaphore à l'amour, et plongeant dans les yeux d'Eva, " ses prunelles d'un noir sans fond cerclées de bleu ", qui ont parfois la froideur d'un ciel gelé, parfois la colère d'une bête blessée, on ne verra que le désir de soumettre son amant, dans l'arène où ils disputent une corrida détraquée.
C'est le désir qui mène les personnages errants de ce "road-book" à l'extrémité de leurs forces : du bar de l'Estoril, où glapissent dans la nuit de l'alcool "des voix plus ou moins rauques, avinées, anisées, maltées, mélancoliques et fabulatrices", à Montpellier où tout se dénoue. Quête de la femme à la fois fatale et fragile, errance sur les routes, prose
lyrique qui convoque les paumés et les survivants, voici un véritable roman d'amour.
Sébastien Raizer y déploie superbement sa tendresse tragique.