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Je suis né à Mulhouse, en Alsace, le 9 octobre 1859. Mon enfance s'écoula doucement sous l'influence bienfaisante de ma mère et de mes soeurs, d'un père profondément dévoué à ses enfants, sous la touchante protection de frères plus âgés. Ma première impression triste, dont le souvenir douloureux ne s'est jamais effacé de ma mémoire, a été la guerre de 1870. La paix conclue, mon père opta pour la nationalité française ; nous dûmes quitter l'Alsace.
Je me rendis à Paris pour poursuivre mes études. Je fus reçu en 1878 à l'Ecole Polytechnique, d'où je sortis en 1880 pour entrer comme sous-lieutenant élève d'artillerie à l'Ecole d'application de Fontainebleau. Le 1er octobre 1882 j'étais nommé lieutenant au 31e régiment d'artillerie en garnison au Mans. A la fin de l'année 1883, j'étais classé aux batteries à cheval de la 1re division de cavalerie indépendante à Paris.
Le 12 septembre 1889, je fus nommé capitaine au 21e régiment d'artillerie, détaché comme adjoint à l'Ecole centrale de pyrotechnie militaire à Bourges. Dans le courant de l'hiver, je me fiançai à Mlle Lucie Hadamard, qui est devenue ma compagne dévouée et héroïque. Durant mes fiançailles, je préparai mes examens à l'Ecole supérieure de guerre où je fus reçu le 20 avril 1890 ; le lendemain 21 avril, je me mariai.
Je sortis de l'Ecole supérieure de guerre en 1892 avec la mention très bien et le brevet d'état-major. Mon numéro de classement à la sortie de l'Ecole de guerre me valut d'être appelé comme stagiaire à l'état-major de l'armée. J'y entrai le 1er janvier 1893. La carrière m'était ouverte brillante et facile ; l'avenir se montrait sous de beaux auspices. Après les journées de travail, je trouvais le repos et le charme de la vie familiale.
Curieux de toutes les manifestations de l'esprit humain, je me complaisais aux longues lectures durant les chères soirées passées auprès de ma femme. Nous étions parfaitement heureux, un premier enfant égayait notre intérieur ; je n'avais pas de soucis matériels, la même affection profonde m'unissait aux membres de ma famille et de la famille de ma femme. Tout dans la vie semblait me sourire...
La vérité !
Audio livre VOolume – Lu par Emilie Moget et Alexandre Cardin - 5h19
“Ce récit du capitaine Dreyfus, écrit en 1901 à partir du journal qu’il tenait au bagne, constitue l’un des documents majeurs de l’Affaire. Il évoque le combat solitaire d’un homme à qui l’on refuse jusqu’aux explications sur ce dont on l’accuse ; le procès inquisitorial et les faux, la volonté d’avilissement de ses accusateurs, le bagne et l’île du Diable, « le cœur perdu, le cerveau en lambeaux », le procès en révision et la grâce finale.”
Ce premier extrait du résumé explique toute la signification et l’importance que le journal et les lettres échangées avec sa femme ont eues pour son procès en révision.
Bien qu’il ne dise pas l’entière vérité à sa femme sur ses conditions de détentions et ses pensées sinistres, il confie tout à son journal qui lui permet de structurer sa vie, de ne pas devenir fou et surtout de témoigner de ce qui se passe si loin de la Métropole !
Tout est éminemment intéressant, bien évidemment, mais je reconnais que j’ai eu quelques moments de lassitude car les échanges épistolaires comportaient des redites multiples et relativement fréquentes. Je n’ai pas toujours été capable de faire le tri entre toutes les nouvelles informations pertinentes pour son procès et les répétitions. Je pense que pour cela l’écoute est plus difficile pour faire la part des choses que la lecture qui autorise les sauts de paragraphe !
La lecture d’Emilie Moget et Alexandre Cardin, avec un ton très juste pour l’un et l’autre, a donné corps à la misère et au désespoir prégnants de ces mots qui, malgré tout, possédaient plein d’espoir !
#Cinqannéesdemavie #NetGalleyFrance