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À découvrir
Il est des livres qui vous marquent, un temps ou à jamais.
L’adversaire est à la fois marquant et dérangeant. Emmanuel Carrère s’est en effet intéressé au « cas » Jean-Claude Roman. C’est en correspondant, en allant rencontrer ce monsieur dans sa cellule et au terme de longs entretiens, qu’il a tiré la substantifique moelle d’un personnage complexe.
Jean-Claude Roman, c’est ce garçon réservé et bon père de famille menant une vie tranquille dans le Jura. Mais c’est aussi ce monstre qui, un jour, a abattu sa famille avec un aplomb et un dextérité qui glacent le sang.
Il a construit sa vie sur les piliers fragiles d’un mensonge à la base anodin mais ramifié avec le temps jusqu’à en devenir une monstrueuse et tentaculaire usurpation.
Si vous avez vu le film inspiré du livre (dont on saluera au passage l’excellente interprétation de Daniel Auteuil), le livre est un très bon complément voire même une base car il aide à comprendre comment le mensonge est arrivé, la manière dont cet homme s’y est englué à un point tel que lui-même en s’en était presque persuadé.
Plusieurs questions restent tout de même en suspens : qui est réellement Jean-Claude Roman ? Est-ce bien lui qu’Emmanuel Carrère a rencontré ou un personnage monté de toutes pièces ? Menteur pathologique ? Monstre égoïste et apathique ? Manipulateur ? Un homme rongé par l’échec et le besoin de reconnaissance ? Tout cela à la fois et plus encore ?
En prenant la décision de raconter cette vie de solitude et d'imposture, Emmanuel Carrère savait qu'il pouvait ne pas être compris de ses lecteurs. C'est pourtant ce qu'il a tenté de faire, à travers une écriture souvent simple mais d'une puissance évocatrice rare : appréhender une vie de mensonges, l'enfermement et le geste irréparable. Sans empathie mais avec le désir de comprendre, il a contacté Jean-Claure Romand, a correspondu avec lui et a tenté de trouver sa place d'écrivain confronté à l'acte de tuer, à la justice et à l'incarcération.
Si la démarche de l'auteur peut
surprendre, elle s'entend grâce à une écriture sincère et franche. Le malaise suscité par cet homme, la fascination qu'il a pu exercer sont autant d'arguments qui, au-delà de l'acte répréhensible, évoquent l'expérience humaine, celle qui touche l'être humain dans ses croyances, sa moralité et ses peurs les plus profondes.
Une lecture souvent éprouvante, toujours effrayante, mais qui parvient par une démarche documentée et honnête à susciter l'interrogation. Le point de vue de l'écrivain restant finalement objectif et ses sources multiples.
Une oeuvre difficile à lire par son contenu, mais fascinante par la démarche de l'écrivain parvenu à en faire une oeuvre terriblement humaine aux multiples points de vue.
http://art-enciel.over-blog.com/2013/11/l-adversaire-d-emmanuel-carr%C3%A8re.html
Le fait divers est resté tristement célèbre dans nos mémoires : après avoir menti à tout le monde pendant plus de 15 ans sur sa vie réelle, Jean Claude Romand tue sa famille et tente ensuite de se donner la mort, sans succès. Emmanuel Carrère nous raconte cette sombre histoire comme un journal de bord, en notant ses impressions intimes en même temps que le récit se déroule. Ainsi, le lecteur sait tout du cheminement personnel de l'auteur : de ses doutes au moment de l'écriture, du malaise qu'il éprouve lorsqu'il se reconnait dans le personnage, et surtout de son interrogation constante sur la légitimité d'entreprendre une telle démarche. Cet entrelacement entre les deux trajectoires celles de l'écrivain et de l'assassin nous permet d'approcher au plus près la personnalité de J.-C. Romand pour tenter de saisir les motivations de son acte criminel, le moment où tout bascule... Il donne au livre, si besoin en était, sa pleine et entière justification (par rapport au film notamment qui occulte complètement cet aspect).
S'inspirant d'un fait divers réel, Emmanuel Carrière relate "une vie de solitude, d'imposture et d'absence", celle de Jean-Claude Romand, père de famille que tous imaginent exemplaire. Une vie réussie, qui comporte tous les attributs extérieurs du succès: une femme aimante, de beaux enfants, un poste de médecin à l'OMS...
En réalité, une vie de fuite et de faux-semblants: Jean-Claude Romand a construit un mythe depuis des années autour de son propre personnage, en se créant une vie qui n'était pas la sienne.
Une vie de mensonge,qui a tissé sa toile en impliquant malgré eux ses
proches, loin de se douter de la réalité.
Jusqu'au jour où tout bascule.
Un roman tout simplement bouleversant, autour d'un personnage d'une complexité inquiétante et fascinante. Une construction d'une double réalité, d'une vie parallèle mais qui est pourtant devenue la sienne et celle des ses proches...
A découvrir !
Comprendre comment la vie humaine peut basculer sur un détail de la vie, sans juger, juste en transcrivant les faits. Très sincère, un travail minutieux de journaliste sans a priori.
Qui fait echos à de nombreux faits divers. L'écriture est belle, un roman qui touche et remet en question ...
Tenter de comprendre la folie d'un homme
Le fait divers est resté tristement célèbre dans nos mémoires : après avoir menti à tout le monde pendant plus de 15 ans sur sa vie réelle, Jean Claude Romand tue sa famille et tente ensuite de se donner la mort, sans succès. Emmanuel Carrère nous raconte cette sombre histoire comme un journal de bord, en notant ses impressions intimes en même temps que le récit se déroule. Ainsi, le lecteur sait tout du cheminement personnel de l’auteur : de ses doutes au moment de l’écriture, du malaise qu’il éprouve lorsqu’il se reconnait dans le personnage, et surtout de son interrogation constante sur la légitimité d’entreprendre une telle démarche. Cet entrelacement entre les deux trajectoires – celles de l’écrivain et de l’assassin – nous permet d’approcher au plus près la personnalité de J.-C. Romand pour tenter de saisir les motivations de son acte criminel, le moment où tout bascule... Il donne au livre, si besoin en était, sa pleine et entière justification (par rapport au film notamment qui occulte complètement cet aspect).