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Indispensable
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Terrifiant
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Coquin
Ce livre est effrayant, choquant, pour sa crudité et sa violence, pour les crépitements d'horreur qu'il provoque en nous, et les glissements progressifs vers un désir sans limite où la soumission inconditionnelle d'O est un phare aveuglant, incompréhensible si on le place dans la réalité. « Difficile à admettre aussi que la littérature n'est pas la forteresse d'images et de mots qui nous permettrait de nous tenir à distance de cette horreur tout en la considérant, mais au contraire la scène bien en vue, en plein vent, où tout revient se jouer sous l'impudeur des masques » (Annie
Le Brun, Soudain un bloc d'abîme). Or si on avance, avec inquiétude, dans les domaines du rêve et du fantasme – celui-ci n'a d'ailleurs pas de sexe – on est aussi dans la pleine exposition d'une passion amoureuse. Cette dernière est d'ailleurs l'une des motivations de Dominique Aury pour écrire son livre, dès lors comment prétendre le placer en dehors du réel ? n'est-ce pas d'une « (…) criminelle légèreté de croire que les mots vivent indépendamment des choses et que les êtres vivent indépendamment des mots » (Annie Le Brun, Soudain un bloc d'abîme) ? Ce qui est peut-être en jeu c'est la résolution d'une aporie récurrente dans la relation amoureuse, après la passion viennent la raison et les compromissions, un ronronnement où le désir se dilue, un parcours balisé où l'on perd une part de soi. O par son sacrifice, librement consenti, propose une évasion, une défragmentation de la contrainte, il n'y plus rien qui puisse être planifier, la raison est mise au placard, les balises sociales s'écroulent et la passion amoureuse explose encore et encore, elle redevient sacré, elle irradie du bonheur et de la peur, un lien invisible d'une force irrésistible et d'une fragilité effrayante, un sentiment ambivalent de perdre sa liberté tout en jouissant de cette vulnérabilité qui la connecte à nouveau à l'être aimé. « Sans doute l'Histoire d'O est-elle la plus formidable lettre d'amour qu'un homme ait jamais reçue », dit Jean Paulhan, en connaissance de cause.
"Ce dénuement-ci, c'est qu'elle basculait du souvenir dans le présent, c'est aussi que ce qui n'avait de réalité que dans un cercle fermé, dans un univers clos, allait soudain contaminer tous les hasards et toutes les habitudes de sa vie quotidienne, et sur elle, et en elle, ne plus se contenter de signes... mais exiger un accomplissement."
Scandale de 1954 à 2013 NON STOP...
Ce livre est effrayant, choquant, pour sa crudité et sa violence, pour les crépitements d'horreur qu'il provoque en nous, et les glissements progressifs vers un désir sans limite où la soumission inconditionnelle d'O est un phare aveuglant, incompréhensible si on le place dans la réalité. « Difficile à admettre aussi que la littérature n'est pas la forteresse d'images et de mots qui nous permettrait de nous tenir à distance de cette horreur tout en la considérant, mais au contraire la scène bien en vue, en plein vent, où tout revient se jouer sous l'impudeur des masques » (Annie Le Brun, Soudain un bloc d'abîme). Or si on avance, avec inquiétude, dans les domaines du rêve et du fantasme – celui-ci n'a d'ailleurs pas de sexe – on est aussi dans la pleine exposition d'une passion amoureuse. Cette dernière est d'ailleurs l'une des motivations de Dominique Aury pour écrire son livre, dès lors comment prétendre le placer en dehors du réel ? n'est-ce pas d'une « (…) criminelle légèreté de croire que les mots vivent indépendamment des choses et que les êtres vivent indépendamment des mots » (Annie Le Brun, Soudain un bloc d'abîme) ? Ce qui est peut-être en jeu c'est la résolution d'une aporie récurrente dans la relation amoureuse, après la passion viennent la raison et les compromissions, un ronronnement où le désir se dilue, un parcours balisé où l'on perd une part de soi. O par son sacrifice, librement consenti, propose une évasion, une défragmentation de la contrainte, il n'y plus rien qui puisse être planifier, la raison est mise au placard, les balises sociales s'écroulent et la passion amoureuse explose encore et encore, elle redevient sacré, elle irradie du bonheur et de la peur, un lien invisible d'une force irrésistible et d'une fragilité effrayante, un sentiment ambivalent de perdre sa liberté tout en jouissant de cette vulnérabilité qui la connecte à nouveau à l'être aimé. « Sans doute l'Histoire d'O est-elle la plus formidable lettre d'amour qu'un homme ait jamais reçue », dit Jean Paulhan, en connaissance de cause.
"Ce dénuement-ci, c'est qu'elle basculait du souvenir dans le présent, c'est aussi que ce qui n'avait de réalité que dans un cercle fermé, dans un univers clos, allait soudain contaminer tous les hasards et toutes les habitudes de sa vie quotidienne, et sur elle, et en elle, ne plus se contenter de signes... mais exiger un accomplissement."