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Au cour de l'hiver
Hermin s'est isolé au Pommier Chenin pour composer un Hommage à Schubert. Sa studieuse quiétude prend fin un soir avec le retour inopiné de Lenny, son protégé, disparu sans la moindre explication dix ans plus tôt. Pianiste de génie, le jeune homme, amaigri et tourmenté, lui annonce qu'il a définitivement renoncé à la musique. Dès lors, deux récits se répondent, celui de ces retrouvailles, maladroites, où planent les secrets d'un départ auréolé de mystères, et en écho, celui de leur rencontre, de leur amitié et de leur osmose musicale, jusqu'à l'inévitable rupture.
On devine le trouble de Lenny, incapable de trouver sa place et encore encombré du souvenir d'Iris, dont son professeur était alors épris. Hermin est quant à lui partagé entre la colère, suscitée par l'attitude de son ami, et un sentiment d'attachement au-delà de toute raison.
Porté par une mélodie schubertienne et de subtiles références poétiques et musicales, Wanderer (Le Promeneur) est un roman d'amour d'une délicatesse rare.
On découvre deux hommes, dont les talents complémentaires, la composition et l'interprétation, se sont heurtés à une passion tue et occultée. La narration en flashback rythme cet adagio, limpide et crépusculaire. On se croirait à l'opéra à Pleyel un soir d'hiver.
RECOMMANDÉ PAR LE SITE CULTURE CHRONIQUE
Lenny est de retour. Après dix ans de longue absence sans donner aucune nouvelle, il réapparaît dans la vie d’hermin. Il n’avait que dix sept ans quand il a fui. Il revient aujourd’hui comme s’il était parti la veille. Hermin est compositeur et Lenny musicien. Leur osmose était presque parfaite quand l’un et l’autre s’adonnaient à leur passion. Mais comment aujourd’hui renouer des liens sans heurter, sans blesser, sans baigner dans l’indiscrétion ? Le mutisme de Lenny crée un malaise grandissant. La musique et plus particulièrement celle de Schubert était incontestablement le cordon ombilical leur permettant de communiquer. Quoi de plus naturel que de s’en servir pour briser cette glace ? Mais Lenny refuse de s’installer au piano et laisse Hermin désemparé. Pourquoi a-t-il choisi d’arrêter de jouer ? Le wanderer, comme le surnomme Hermin, en référence à son attachement fusionnel pour Schubert, semble totalement hermétique. Sous sa rudesse apparente, une vulnérabilité croissante est toutefois perceptible. Il semble aussi habité par le remords. Mais quel remords ?
C’est avec douceur, grâce et musicalité que Sarah Léon juxtapose, tout au long de ce roman, les rencontres d’Hermin et Lenny à dix ans d’intervalle. Une façon astucieuse de découvrir tout en finesse, pianissimo, les similitudes entre le passé et le présent pour trouver enfin des réponses aux questions restées en suspens. Pourquoi ne pas avoir ressenti ce trouble, ces sentiments confus dans le passé alors qu’aujourd’hui ils sont une évidence ? Wanderer se lit, sans s’interrompre, comme on écoute un morceau de musique pour bien saisir toutes les nuances et s’imprégner de ses effets.
SYLVIE LAVAINE (CULTURE-CHRONIQUE)