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'Je monte sur la passerelle, je ne pense à personne, je suis la dernière feuille de l'arbre et je me détache sans être poussé.
Je ne pense pas à la jeune fille aimée, suivie jusqu'à faire partie de son pays.
Maintenant je sais qu'elle est au fond de la mer, jetée au large du haut d'un hélicoptère, les mains attachées. A vécu pour moi, est morte pour offrir des yeux aux poissons.'
Le narrateur, Italien émigré en Argentine par amour, retourne ainsi au pays.
En Argentine, sa femme a payé de sa vie leur combat contre la dictature militaire. Lui, le rescapé, a appris que la vie d'un homme durait autant que celle de trois chevaux. Il a déjà enterré le premier, en quittant l'Argentine. Il travaille comme jardinier et mène une vie solitaire lorsqu'il rencontre Làila, qui 'va avec des hommes pour de l'argent', et dont il tombe amoureux. Il prend alors conscience que sa deuxième vie touche aussi à sa fin, et que le temps des adieux est révolu pour lui.
Récit dépouillé à l'extrême, Trois chevaux évoque la dictature argentine, la guerre des Malouines, l'Italie d'aujourd'hui.
Puis, à travers une narration à l'émotion toujours maîtrisée, où les gestes les plus simples sont décrits comme des rituels sacrés, et où le passé et le présent sont étroitement imbriqués, pose la question des choix existentiels que nous sommes amenés à faire - partir, rester, tuer, laisser vivre - et interroge la notion de destin.
Vie en multitude
Trois chevaux ce sont des instants d'une seule et même vie d'un homme. Des instants qui durent plusieurs années dans des lieux différents (Italie, Argentine). Homme dont la vie vadrouille de rencontres en rencontres. Rencontres qui propulsent sa vie sur des chemins de traverse tout en question.
Je l'ai lu une fois, deux fois, trois fois et même peut-être quatre. N'importe je me régale à chaque fois, je me laisse bercer par les vagues de mots et découvre au détour d'une phrase un nouveau visage, une nouvelle émotion, un nouvel ailleurs.
C'est mon roman préféré de Erri de Luca.