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Il y avait peu de chance que la littérature avant-gardiste américaine rencontre la France laborieuse de l'après-guerre, et encore moins dans les ruelles de Poligny, au creux du Revermont jurassien, "les entrailles de la France". Il y avait peu de chance que John Steinbeck, futur prix Nobel de littérature, partage un peu du quotidien (et des bons crus) de ces vignerons, chasseurs avant d'être "communistes".
Et pourtant c'est bien ce qui arriva en mai 1952 grâce à l'enseignant Louis Gibey, ancien Résistant et naturellement anglophone qui, après avoir entretenu une amitié épistolaire, réussit le tour de force d'inviter son écrivain fétiche pour une halte improbable dans son ex-commune libre peuplée d'attachants Gaulois dont le penchant pour l'indépendance et la pensée libre n'était pas le moindre de leurs traits de caractère.
De ces conversations de caveau, il aurait dû ne rien rester, si Bernard Cabiron n'avait eu l'excellente idée d'enluminer cette rencontre incongrue sur fond d'agapes franchouillardes. Car le tintouin politicomédiatique qui s'ensuivit faillit bien enfouir à jamais ce joyau de la petite histoire littéraire.