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« Si le destin du marquis de Sade semble pouvoir donner lieu à une ouvre cinématographique, c'est sans doute parce qu'il est suffisamment pittoresque, riche en situations et en événements, dignes d'un film d'aventures, mais surtout parce que, étant celui d'un écrivain qui a imaginé les fictions les plus extrêmes, les plus irreprésentables, ce destin reste susceptible d'être mis en scène, à la fois comme celui d'un aventurier presque ordinaire, et comme antichambre de l'extraordinaire le plus irréductible, le plus réfractaire à la représentation.
La vie de Sade est comme un paysage mouvementé, parmi d'autres du même genre, mais qui, à la différence de ces autres, conduit au bord d'un rivage, ou d'un gouffre, d'un abîme, où l'horreur indescriptible a trouvé des mots pour être sommairement consignée. Il y a toujours cet au-delà de la vie de Sade que constitue son ouvre : si l'on ne veut s'intéresser qu'aux événements de l'existence, même lorsqu'ils sont très forts, celle-ci ne manque pas d'être perçue comme un en-deça.
Sade est comme toujours en-deça de Sade, le libertin débauché plutôt banal, en-deça de celui dont l'imagination, en direction du pire, reste unique et indépassée. »
A. F.
Dans cet essai brillant, Alain Fleischer nous livre sa lecture de l'un des écrivains français les plus sulfureux. Comme il est cinéaste, Fleischer imagine un scénario possible de la vie du libertin. Il avait d'ailleurs, il y a des années, proposé le rôle de Sadeà Marlon Brando qui l'avait accepté.
Le film n'avait pas vu le jour à cause des producteurs américains qui étaient réticents. C'est ce scénario même que Fleischer a retravaillé - et qu'il nous livre aujourd'hui sous la forme originale d'un essai dialogué.