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Dès son premier livre, « Paroles vives écorchées », ce jeune Gabonais forçait l'attention par le besoin profond de communiquer et de révéler à soi-même une parole africaine à travers le « silence éclaté ». Et voici qu'en peu de temps, cette parole s'est affermie-affirmée dans le sens que nous pressentions, « Rhône-Ogooué » n'est pas un « recueil », mais un seul poème en plusieurs chants, une sorte d'épopée de poche parcourue d'expressions singulières, une quête d'absolu étonnamment incarnée dans la difficulté quotidienne.
Il y a là une action, une chanson de geste transcendant la négritude, tendue par une évocation quasi-mythique, qui permet au poète de nous toucher au cour : la recherche de Lilly, « Muse aux bras-lianes », dans les brumes lyonnaises, parmi les « filles des neiges ». Lilly... un nom bien proche de Lilith la femme créée avant Ève, la faunesse nocturne si belle, et noire comme l'était la Sulamite. La jonction imprévue du Rhône de Maurice Scève et de l'Ogooué des grillots, nous vaut cette ouvre originale.
