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Qu'elle soit dénoncée ou espérée, l'unification de l'Europe est vécue comme un mouvement extérieur à nous-mêmes. Comment retrouver dans les débats qui prévalent depuis plus de vingt ans, ce quelque chose d'intime et d'intérieur pour lequel nous sommes européens ? Or, elle n'est rien d'autre qu'un sentiment collectif qui vient de nous et nous anime prenant sa source dans l'histoire de notre culture, de notre conception de l'homme et de la collectivité.
L'Europe est dans une communauté de vue sur le sens de la vie, sur la condition humaine, sur l'organisation du vivre ensemble. Sans cette communauté, il n'y a ni Europe ni destin possible pour chacun des peuples du continent pris séparément. L'Europe est dans la conscience de ce qui lie les Etats-nations, de ce que leurs peuples ont en partage. Comme elle est dans la conviction que la citoyenneté peut être refondée en offrant au concept de Nation un champ nouveau de possibles.
Elargissement, adhésion de la Turquie, relations avec les Etats-Unis et le reste du monde, nature même du projet de Constitution ne prennent tout leur sens qu'à partir de ce point polaire. Qui sommes-nous ? Que voulons-nous ? Quelles relations avec les autres ? Le débat constitutionnel, comme l'élargissement, nous place à un moment crucial de notre histoire.