En cours de chargement...
Une nouvelle lecture des guerres de Vendée
Les guerres de Vendée, qui courent de 1793 à 1832, ont suscité l'émulation de bien des historiens. Surtout la principale qui éclate en pleine Révolution, en mars 1793, et s'éternise jusqu'en mai 1796. Il s'agit d'une guerre civile, la plus sanglante qu'ait connue la France depuis les guerres de Religion au XVIe siècle. La plus féroce jusqu'à nos jours.
Faute de mieux, on l'a appelée ainsi car l'épicentre en était le département de la Vendée. Mais elle s'est répandue ensuite, touchant presque tout l'Ouest.
L'ambition des auteurs a été d'en proposer une nouvelle lecture qui ne désigne pas les " méchants " pour mieux exalter les " bons ". L'histoire partisane a toujours procédé ainsi, empêchant toute compréhension, toute réflexion proprement historique.
Le commentaire, laudateur ou dépréciatif, l'emporte sur le simple exposé des faits. Les historiens favorables aux Vendéens royalistes ont donné des récits qui jouent de la victimisation pour mieux apitoyer leurs lecteurs. Les historiens républicains, de filiation jacobine, ont minimisé les souffrances des vaincus, souligné leur sauvagerie, pour mieux exalter l'héroïsme des Bleus.
Les guerres de Vendée a été une authentique guerre civile qui a coûté la vie à plusieurs centaines de milliers de Français.
Les atrocités se rencontrent dans les deux camps. Mais le plus inquiétant est bien l'apparition d'une idéologie exterminatrice dans les rangs républicains. Des hommes à Paris (Robespierre, Couthon, Barère...), sur place (Carrier, Turreau, Francastel...) ont trempé dans ce processus alors inédit. Ils l'ont décidé, appliqué et se sont félicités des résultats. Ce fut là comme le péché originel, matriciel, de la République française, identifiée pour longtemps à la Terreur.
Les régimes totalitaires du XXe siècle y puisèrent argumentaires et méthodes. Bref, la Vendée divise toujours auntant qu'elle fascine.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Les guerres de Vendée ont inspiré de nombreux historiens - et pour cause ! - elles furent aussi interminables que sanglantes. Chacun sait qu’elles débutèrent en 1793 mais beaucoup ignorent qu’elles se conclurent vraiment qu’en 1832. On peut d’ailleurs la qualifier de dernière guerre civile que notre pays ait connue si l’on retranche évidemment l’épisode tragique de la Commune. Elles rappellent par leur brutalité et leur acharnement dans l’ignominie les guerres de religions qui ensanglantèrent notre pays au XVIeme siècle. Il s’agit donc d’un épisode de l’histoire de France copieusement étudié tout autant par les historiens royalistes que par les historiens républicains, chaque camp façonnant sa mythologie et orientant ses torrents de larmes. L’historien Jean-Noël Brégeon et l’écrivain Gérard Guicheteau nous proposent avec “Nouvelle histoire des guerres de Vendée” une approche renouvelée qui tente de dépasser l’héroïsme dont les deux camps ont fait preuve et les souffrances qu’ils se sont infligées.
Dans les années 1990 des controverses ont porté sur la répression des soulèvements de l’Ouest, de la Vendée en particulier, en 1793-1794. Mais depuis des horizons nouveaux ont élargi le champ d’investigation des chercheurs. Les problématiques étaient nombreuses. Quelles étaient les différences entres vendéens et chouans? Y eut-il plusieurs guerres de Vendée? Quelle fut l’étendue maximale de la révolte? Carrier à Nantes dépassa-t-il les ordres du comité de salut public? Pourquoi tant de viols et de supplices dans le bocage? Pourquoi le district de Cholet fut-il détruit à 60% ?
L’écrivain et l’historien vont reprendre ces questions à partir de deux partis pris qui vont faire l’originalité de “Nouvelle histoire des guerres de Vendée” : l’anecdote y est considérée pour sa capacité à réveiller les faits en redonnant vie à une matière morte mais les auteurs n'ont pas hésité à s’appuyer sur la prosographie qui s’attache à étudier la filiation et la carrière des personnages étudiés du côté vendéen comme du côté républicain. Il s’agit donc d’une expérience d’approche historique qui accouche d’un passionnant ouvrage bicéphale : l’écrivain s’attachant à donner un récit où vécu et acteurs sont restitués, un historien qui dresse l’état des connaissances, de la recherche, avec le moins d’a priori possible. Une belle réussite sur le plan littéraire et historique.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)