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En quelques décennies, les nomades et la vie nouvelle ont donné naissance à des enfants de ville, à des sédentaires, à une pro géniture qui ne leur ressemblait plus et à qui il ne reste que le vague souvenir d'une enfance d'errance accrochée aux bribes d'un passé nomade abandonné par ces anciens pasteurs. D'où ce vide, ce no man's land de la mémoire, ces repères brisés qui ne sont pas encore remplacés, cette sombre errance dans les quartiers de la ville, dans la fête euphorique mais éphémère du Khat.
Quelque chose d'inachevé, un voyage où l'on n'est jamais qu'à mi-chemin d'un but qui s'efface.
Souffrance sur souffrance, vide sur vide, la culture somali subit de par son histoire récente et par son propre fait, un choc sans précédent, une onde qui noie jeunes et vieux en ne laissant que des doutes et des incertitudes.
La défaite serait totale, si par la sueur des mots, par le blues de la poésie, par le nouveau guux susurré dans un autre langage, le poète ne pouvait déjà surmonter ce désarroi en l'exprimant et en l'exorcisant.
Si un trait de la culture ancienne subsiste et vit encore avec force, c'est bien la longe du poème, celle qui mène la caravane entière, liant le premier chameau au dernier, le présent au passé et traversant temps et espace.