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« Un monstre, je te dis... », lance Blaise Cendrars, lorsqu'il annonce à son ami Jean Cocteau, le 1er septembre 1917, qu'il vient de mettre le point final à La Fin du monde. Neuf ans plus tard, le roman paraîtra sous le nom de son inquiétant héros, Moravagine. Enfermé dès sa naissance et réputé incurable, celui-ci s'évade de l'asile psychiatrique grâce à un jeune médecin qui joue l'apprenti sorcier pour le voir à l'ouvre.
Pendant plus de dix ans, ils vont parcourir ensemble le monde entier en se faisant terroristes, chercheurs d'or ou aviateurs tandis que le « grand fauve humain » parsème sa route de cadavres de femmes. Dans cette figure du mal, Cendrars a voulu peindre son double démoniaque. Pour échapper à sa fascination, il a exploré les limites de la folie et du génie créateur. Pendant la Grande Guerre, après son amputation, Cendrars entreprend La Fin du monde, un « roman martien » resté inachevé, dont sont issus le scénario de La Fin du monde filmée par l'Ange N.-D.
(1919) et son livre le plus violent, Moravagine (1926). Réunis ici pour la première fois, ils sont accompagnés de L'Eubage, récit secret de renaissance, qui leur est contemporain.