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Il s'appelait Léopold... Il avait onze ans... Il était orphelin de mère, et son père était déporté politique. On lui avait nommé un tuteur, qui ne venait jamais le voir. Je l'ai connu en 1944, avec ses yeux tristes et son visage révolté... Il était interne au collège où j'étais sous-maîtresse. C'était un petit garçon tout seul, et un mauvais élève. Il n'avait jamais ni visite, ni colis, ni lettre, et il était toujours puni.
Il écrivait son journal, qui commençait ainsi : « Mon père était "communisse". Un jour, des soldats allemands l'ont emmené. » Je ne me suis pas senti le droit d'en lire davantage. J'ai voulu évoquer ce petit bonhomme qui ne souriait jamais. Les hommes, avec leur guerre, lui avaient volé son enfance. Au nom de tous les enfants victimes de la violence et de la haine des grands, j'ai essayé de réinventer son histoire.