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Le titre original de ce roman est « Heurs et Malheurs de la fameuse Moll Flanders », inspiré par un personnage historique, Moll la coupeuse de bourse. On aurait pu le sous-titrer « La solitude de la voleuse dans les bas-fonds londoniens ». Il nous raconte l'histoire d'une jeune femme née et abandonnée dans la prison de Newgate, qui apprend seule la dure loi de la lutte pour la survie. Elle commence par être une prostituée et une voleuse, se marie cinq fois dans l'espoir d'acquérir une certaine sécurité, notamment économique, est emprisonnée à plusieurs reprises, puis déportée en Virginie...
Elle finira finalement sa vie en Irlande où elle devient une femme honnête et riche. Moins connue que « Robinson Crusoé », cette oeuvre est tout aussi passionnante. Certains ont qualifié Daniel Defoe de premier « écrivain féministe », et ils n'ont pas tort, car c'est un beau portrait de femme dans une société qui n'a jamais été tendre avec ces dernières.
destin de femme au XVIIIe s.
Tout d'abord, le roman de D.Defoe mériterait une traduction actualisée, le style de la traduction de 1969 est sans doute liée au texte original mais ne rend pas l'accès à l'intrigue aisé.
Néanmoins le texte est incroyablement rythmé, passant d'un événement à l'autre de la vie de Moll Flanders. Je suis entré dans ce livre par le biais d'un autre portrait d'une femme du début du 18e, "Mary Tempête" d'Alain Surger. Mais alors que je m'attendais à un deuxième destin d'une femme entière, rude, self-made woman, je tombe sur une usurpatrice mais d'un style, et au destin, bien différent de celui de Mary Read, un peu trompé par la 4e de couverture (par exemple, "catin" doit être remplacé par maîtresse) et le prologue de Defoe qui parle surtout de rédemption.
Car le cœur du livre, c'est bien la morale, nos valeurs. A mon avis, et je vous conseille de vous faire le votre, point de rédemption ni de repentir. Le repentir de Defoe n'en est pas un puisqu'il est fondé, d'un point de vue matériel sur le vol, et d'un point de vue moral sur une seule motivation, être riche, quitte à tromper, manipuler, abandonner mari et enfants.
Une question pour la petite histoire, Defoe dissimule t'il son message derrière une écriture à sens unique, tout en excuses et apitoiement de la narratrice sur elle-même ? Cette écriture ayant pourtant aussi des intérêts, nous faire réfléchir à nos propres défauts avant de s'offusquer de ceux des autres et nous faire voir la condition des femmes dans une société pourtant prospère.
Moll mérite d'être aussi connu que Robinson.