En cours de chargement...
On sait peu de choses d'elle. Pas son prénom. Juste qu'elle a décidé de ne plus parler, « puisqu'il n'y a plus rien à dire », qu'elle coud le même modèle de pantalon en velours rouge dans toutes les tailles, de 6 mois à 102 ans, qu'elle surnomme ses parents Lucha mama et Dalaï papa et qu'autrefois elle imitait Bourvil pour le faire rire. De lui, on sait qu'il prépare le marathon de New York, qu'il est historien et qu'il s'est donné une mission : pour que sa compagne retrouve la parole, il doit faire le récit de l'histoire d'Eugène.
Eugène est leur fils. Il est mort à l'âge de six jours. Mais comment raconter une si courte vie ? A-t-il existé, lui qui n'a pas vécu ? Le père d'Eugène n'a pas d'imagination mais de la méthode. Il se lance dans une enquête. La traque pragmatique de ce qu'aurait dû être la vie d'Eugène. Il cherche ses « aurait dû » partout. Jusqu'à la crèche qu'il aurait dû fréquenter où il dérobe la liste des enfants qui auraient dû devenir les copains de son fils.
Le voilà qui espionne, sur Internet ou dans les rues d'un quartier populaire de Paris, les familles de ces petits. Pendant une année, il tient le journal de cette enquête. Et il s'entraîne pour le marathon sur un tapis de course installé dans leur appartement. Pendant qu'il court, la mère d'Eugène glisse des morceaux de velours rouge dans sa machine à coudre et se raconte en silence les vies héroïques de son glorieux fils.
Livre de deuil, Les Vies extraordinaires d'Eugène est le récit de l'absurdité et de la puissance de la vie.
1er roman - Rentrée littéraire 2010
Un premier roman parfaitement mené.
Le désespoir des parents face à la mort de leur enfant encore nouveau-né.
Sans plonger dans le pathos, la parole est donnée au père, la mère, elle, a perdu la voix. Chacun d'eux va tenter de faire son deuil pour accepter l'indicible et donner forme au bouleversement provoqué par la perte de leur enfant.
Le père va mettre à l'écrit la vie qu'a eue son fils durant ces quelques jours, puis s'imaginer les vies qu'il aurait pu avoir. La mère, elle, va se mettre à coudre les pantalons rouges qu'il aurait pu porter, année après année, au fur et à mesure de sa croissance.
Un livre comme un témoignage, la démonstration que chacun vit et réagit différemment selon sa sensibilité, cherchant à se réinventer pour renaître après la perte d'un être cher.