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Précaires de la presse ou de l'édition, enseignants ou chercheurs jetables, architectes sous-payés ou stagiaires au musée, depuis 2001, avec la sortie du livre d'Anne et Marine Rambach, ils portent un nom : les Intellos précaires. On découvrait cette population au destin paradoxal : diplômée et compétente, studieuse et créative, elle vit, pas toujours mal, dans des conditions de grande précarité : avenir incertain, revenus fluctuants, déni de droits.
Malgré une couverture sociale minimale ou inexistante, les Intellos précaires continuent à exercer ces métiers qu'ils ont choisis par passion. On annonçait alors leur disparition : les baby-boomers partant à la retraite, les OS de l'intellect n'allaient pas tarder à prendre leur place et, enfin, s'embourgeoiser. Mais non. Les plans de titularisation de la fonction publique ont fait long feu, les postes abandonnés par les jeunes retraités sont supprimés, et puis, surtout, les entreprises et les institutions ont pris goût à cette main-d'ouvre si flexible et si économique.
La précarité a le vent en poupe. Disons-le : l'intello précaire est le modèle secret du patronat. Il n'est pas précaire, il est indépendant. Il n'est pas soumis, il est professionnel. Il n'est pas sous-payé, il est compétitif. Même quand il est de gauche, il est ultra-libéral. Reste une question : mal défendus par les syndicats et rêve inavoué du patronat, jusqu'où iront les Intellos précaires dans la soumission et la paupérisation ? Réforme de la recherche, réforme des universités, réforme de l'audiovisuel, réforme de la presse écrite, les Intellos précaires sont au cour de l'actualité.
Le savent-ils ? Qu'en pensent-ils ? Vont-ils se faire entendre un jour ?
« C’est l’intello à prix discount. Un bac + 5 pour le prix d’un plombier polonais. »
Anne et Marine Rambach, huit ans après Les Intellos précaires Rambach, refont un état des lieux grâce à une nouvelle série d’entretiens qualitatifs. La première partie des Nouveaux Intellos précaires est une redite du premier volume, puisque les intellos précaires existent toujours – et semblent même de plus en plus nombreux, même si le chiffre est difficile à évaluer.
En revanche, la seconde partie propose une démarche intéressante : chaque secteur – journalisme, édition, recherche, enseignement, audiovisuel – fait l’objet d’un chapitre détaillé sur les évolutions professionnelles et législatives, comme la loi Aubry sur les 35 heures et son impact sur le travail précaire. Les changements propres à chaque secteur ont entraîné une accentuation de la précarité, mais en sens inverse, la précarité entraîne une baisse progressive de la qualité du travail qui a des conséquences de plus en plus visibles.
Parmi les secteurs concernés, on peut évoquer tout particulièrement la précarité dans la presse et chez les éditeurs, mais d’autres précarités, moins connues, existent : les enseignants vacataires, les doctorants et les post-doc dans la recherche, les scénaristes de la télévision.
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Au résultat, la situation des intellos précaires se serait dégradée. En tant que variable d’ajustement de la masse salariale, ils sont dévalorisés. D’une manière constante, la mise sur sellette des travailleurs n’apporte pas une meilleure qualité de travail mais force l’individu à développer des stratégies pour satisfaire l’employeur au détriment de la qualité du travail. La précarité pousse à tricher avec son métier. Les plus intègres changeront de métier ou l’exerceront comme des puristes ; les autres s’accommoderont de “cette nouvelle manière de travailler”.
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