Les jours de notre vie (1). Les moissons de l'abîme

Ce roman c'est celui de l'éternel jeune homme. Tour à tour méprisé et exalté, il demeure mal connu comme l'ont montré bien des commentaires qui ont suivi les événements de mai dernier. Pour être complexes, certain des traits qu'il présente n'en sont pas moins reconnaissables. Jacques Marville, à vingt ans, seul et sans fortune, soit faire face à la vie au moment où se prépare la guerre de 1993. L'Histoire ou, si l'on préfère, l'Evénement, servent ici de révélateurs des tendances profondes, contradictoires, qui déchirent le jeune homme.
A travers ses amours plus ou moins heureuses, ses heurts avec ses proches, Jacques prend toujours mieux conscience de ses refus fondamentaux. La guerre éclate. Puis c'est la défaite. Au cours de scènes tantôt cocasses, tantôt pathétiques, suivi d'un compagnon de rencontre, le menuisier Lecoq, Jacques sent en lui s'affirmer des choix décisifs. Ses refus, sa révolte préparent la conquête de sa liberté dont il a reconnu qu'elle n'est pas jamais un, don gracieux Guy Le Clec'h pour se renouveler fait appel à tous les registres du roman.
Avec « Les Jours de notre vie » - dont le premier volume « Les Moissons de l'abîme » sera suive de « L'Orage ou le silence » - il accorde au réalisme la large part qu'exige le roman de formation. Mais le réalisme ici est à double et triple fond et s'écarte délibérément des préoccupations purement techniques avec quoi ces dernières années on a trop souvent confondu le roman. Dans tous les domaines, on a suffisamment détruit.
Il est temps sans doute de voir comment on peut reconstruire.