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En Provence, pas plus qu'ailleurs du reste, la Révolution n'a été un coup de tonnerre dans un ciel serein. Le 14 juillet 1789 a été précédé par toute une série d'événements, dont le point de départ est, en 1787, le rétablissement des États de Provence. Autour de la vieille institution provinciale, largement dominée par les privilégiés, se nouent des conflits dont l'âpreté va grandissant, pour déboucher - au printemps de 1789 - sur un vaste mouvement hostile aux privilèges autour des municipalités rurales et urbaines.
L'enjeu s'élargit avec les élections aux États généraux, qui portent à Versailles une députation soigneusement expurgée de toute profession manuelle. De cette consultation politique, les prolétaires sont d'ailleurs exclus. Mais ils s'expriment par l'émeute, dont les secousses accompagnent, dans bien des cas, la tenue des assemblées électorales. Tiers État contre privilégiés, nobles fieffés contre nobles non fieffés, haut Tiers et privilégiés contre émeutiers populaires, et même bas clergé contre haut clergé, tout un faisceau de tensions se fait jour, qui révèle des clivages fondamentaux de la société provençale.
Dans ces circonstances troublées, quelques figures émergent : l'archevêque d'Aix, Monseigneur de Boisgelin ; le commandant militaire, le comte de Caraman ; l'intendant de la Tour, d'autres encore, et bien sûr Mirabeau. Elles ne laissent pas oublier l'entrée en politique de la majorité silencieuse qui, dans des langages divers, fait entendre sa voix.
On peut donc affirmer qu'en Provence, la Révolution a commencé en 1787.
L'exemple éclatant du Dauphiné voisin a pu éclipser la réalité provençale. Celle-ci, pourtant, ne fut pas moins bouillonnante, et il valait la peine de la faire revivre.
