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Les portraits, fouillés et saisissants, de vingt-six personnalités, connues et moins connues, qui ont fait le régime de Vichy.
Au long de quatre années, dans un pays occupé, il s'est trouvé des hommes qui ont entendu, en dépit ou à cause des circonstances, diriger ou orienter la vie du pays au nom d'une légalité et d'une légitimité nouvelles, après soixante-dix ans de république : les hommes de Vichy, dont vingt-six sont ici présentés à frais nouveaux.
Personnalités plus ou moins expérimentées, vieux politiques et jeunes technocrates, le régime né de la défaite, que tous acceptent, a recruté dans des milieux très différents. Ici, des pacifistes venus de la gauche, comme Marcel Déat et Paul Marion, là des gens de droite, souvent extrême, tels que Xavier Vallat et Raphaël Alibert, des croisés de l'Europe nouvelle, comme Benoist-Méchin et Fernand de Brinon, des notables traditionalistes - Joseph Barthélemy et Lucien Romier - et encore des têtes d'ouf bardés de diplômes, tels Pierre Pucheu et Jean Bichelonne, enfin de nouveaux venus en quête d'un destin, comme Du Moulin de Labarthète et François Mitterrand.
Etudier les hommes de Vichy, c'est mettre fin à la vision de ce régime comme un bloc dans l'espace et dans le temps, c'est tordre le cou à la croyance dans la cohérence d'une vie.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Certains historiens présentent Vichy comme une parenthèse de l’histoire de France, un accident historique à évacuer de la mémoire collective, d’autres au contraire portent le fer dans la plaie pour l’examiner en détails sans rien omettre de ce qui constitue sa réalité. Jean-Paul Cointet, à qui l’on doit déjà l’excellente “Histoire de Vichy”, fait partie de la seconde catégorie d’historiens. Il compte désormais parmi les meilleurs spécialistes de la question et son ouvrage “Les hommes de Vichy” le démontre à nouveau. Comme l’explique l’historien : “Quand un régime nouveau s’établit, la première exigence qui se pose à lui est celle du personnel apte à le servir. Ne perdons pas de vue, ici, la soudaineté des événements. Elle est peu propice à l’éclosion spontanée de vocations et de talents nouveaux.” Le régime n’a pu s’appuyer que sur des générations au passé plus ou moins ancien.
Après 70 ans de République le régime né de la défaite va se construire autour d’un personnel composite fait de pacifiste venus de la gauche , comme Marcel Déat ou Paul Marion, de gens de la droite extrême, tels Xavier Vallat ou Raphaël Alibert, des notables traditionalistes comme Joseph Barthélemy et Lucien Romier , des croisés de l’Europe nouvelle - Benoist-Mechin et Fernand de Brinon - , de jeunes diplômés - Pierre Pucheu, Jean Bichelonne - et son lot d’aventuriers profitant des circonstances parmi lesquels François Mitterand. Cointet, et c’est l’un des points forts de l’ouvrage, propose une approche par catégorie qui permet de sérier méthodiquement les 26 hommes de Vichy qu’il présente dans l’ouvrage. Il nous propose six ensembles au sein desquels il place chacun d’eux : les fondateurs et piliers, les conseillers du Prince, les doctrinaires, les épurateurs, les croisés de la nouvelle Europe, les désillusionnés. Où l’on retrouve avec surprise Jean Borotra mais aussi René Bousquet devenu célèbre dans les années 1980, ou encore les célébrités du régime comme Pétain, Darlan, Laval ou encore Joseph Darnand. Ces focales successives permettent de se faire une idée très précise sur le parcours intellectuel et politique de ces personnages qui se placèrent résolument sur l’échiquier de la collaboration.
Familier du travail d’archives Jean-Paul Cointet n’avance aucune assertion qui ne soit vérifiée par des documents précis offrant à ses lecteurs une galerie de portraits passionnante qui permet de mettre en lumières les trajectoires de ces hommes qui choisirent Vichy. Un ouvrage indispensable pour tous ceux qui recherchent un éclairage sans concession sur ces quelques années de notre histoire.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)