Ce roman de chez Philippe Picquier m'intéressait énormément depuis sa sortie, et c'est l'occasion pour moi de découvrir (enfin) la plume de Ji-Young Gong.
L'école Ja-ae a besoin d'un nouveau professeur, et c'est Inho – sur les conseils de sa femme – qui va accepter cette position. Lorsqu'il arrive dans cette petite ville coréenne perdue dans le brouillard, il n'imaginait pas que sa ville allait être bouleversée. Être professeur dans une école privée est déjà un grand changement pour lui, mais aussi parce que les élèves sont sourds et/ou muets. Il va devoir apprendre la langue
des signes, à se rapprocher de ses élèves...
Mais sa vision du monde s'effondre lorsqu'il découvre que ces enfants innocents sont victimes de sévices et d'abus sexuels à répétition et depuis des années, par les personnes en charge de l'institution, et tout cela avec la complicité de membres de la police et de l'autorité.
Inho a peur : peur des personnes dirigeant l'école, peur de la police et du système, peur de se faire broyer... Mais il a surtout peur pour les enfants, et ce qu'il adviendrait d'eux si lui aussi ne disait rien. Alors, il va être le catalyseur d'un mouvement pour que la vérité éclate et que ces enfants trouvent enfin un peu de paix, et que leurs agresseurs soient punis.
Les enfants du silence est un roman tiré de faits réels : Ji-Young Gong nous parle de l'affaire de l'école de Gwangju Inhwa. Là-bas, un certain nombre d'élèves ont été violés et agressés sexuellement, et l'affaire a duré trop longtemps, et uniquement grâce à l'implication des familles, de certains professeurs, et d'autres personnes. Suite à cela, certains des coupables ont été jugés (certains plus sévèrement que d'autres) et l'école a fermée en novembre 2011. C'est suite à cela que la « Dogani Bill » a été adoptée : elle élimine le délai de prescription pour les crimes sexuels contre les enfants de moins de 13 ans et les femmes handicapées et augmente également la peine maximale d'emprisonnement à vie.
Cela ne va pas vous surprendre vu le sujet, mais Les enfants du silence est un livre très dur. Évidemment. J'ai eu le cœur brisé plusieurs fois devant le destin de ces enfants, devant la détresse de leurs familles et des enseignants qui ne savaient pas quoi faire pour les aider. Accomplir un acte pareil me révolte et me rend malade, c'est au-delà de ma compréhension. Les personnes qui ont violés ces enfants ont fait en sorte de ne pas être pris ou arrêtés pendant de (trop) longues années, détruisant d'innombrables vies. Car pour chaque enfant qui a témoigné, combien d'autres se sont réfugiés dans le silence, par peur, par honte ou sous la pression ? Ces enfants sont en plus porteurs d'un handicap, qu'ils soient sourds, muets ou les deux. Ces enfants ne pouvaient pas communiquer facilement, et quand ils le faisaient, on ne les croyaient pas. Rares sont les personnes qui ont osés porter cette affaire devant la justice, surtout avec les menaces et la corruption, mais il y a eu malgré tout un « mieux ». L'affaire a été portée au grand jour, il y a eu des arrestations, l'école a été fermée... Mais tout cela est-il suffisant pour aider ces enfants à se reconstruire ?
Les enfants du silence est bouleversant et déchirant du début à la fin, c'est une lecture que je recommande absolument. Mais le sujet très grave en fait un roman très dur...
Poignant
"Les enfants du silence" est un roman coup de poing car l'autrice a choisi de raconter une histoire vraie d'enfants, sourds s'étant fait agresser sexuellement au sein d'un institut spécialisé. Les responsables ne sont autres que les directeurs de l'établissement avec des membres du personnel qui torturent les élèves. Un jour un professeur est muté dans cette école et se rend compte de l'horreur. Il ne va pas lâcher l'affaire et porte le scandale jusqu'au tribunal où une véritable quête de la vérité débute. La lecture de ce roman est particulièrement éprouvante mais nous fait nous rendre compte de la violence vécue par ces enfants laissés de côté de la société.