À l'instar de toute une génération d'auteurs bruxellois, Vincent Dugomier suit les cours d'Eddy Paape, à St-Gilles, au milieu des années 80. Il y fait la connaissance d'une bande de dessinateurs à laquelle il reste fidèle depuis plus de vingt ans. C'est également là qu'il développe son goût pour la bande dessinée jeunesse, goût qu'il a le loisir d'exercer dans les animations de « Spirou », qu'il écrit pour ses amis Ers, Mauricet, Gazzoti, Wurm ou Cornette.
Il y lance également sa première série, « La Vie secrète des poubelles », avec Malik. Très à l'aise dans les univers qui ont bercé son enfance, il se fait ensuite remarquer en produisant nombre de gags du « Marsupilami » et en collaborant à l'écriture de « Benoît Brisefer ». Dugomier est doué pour ajouter une petite touche de surnaturel au monde de l'enfance - en attestent « Muriel et Boulon » au Lombard, ou, plus tard, « Les Démons d'Alexia », tous deux écrits pour son ami Benoît Ers.
Il n'oublie pas pour autant son sens de l'humour avec la série « Les Campeurs » qu'il publie chez Bamboo, entre 2006 et 2010. Et avec la collection de prestige dédiée à Franquin chez Marsu Productions, qu'il dirige depuis 2005, il se découvre une nouvelle passion pour le travail d'archives rares. Un auteur éclectique ! Après avoir écrit l'excellent thriller pour adolescents "Hell School", Vincent Dugomier revient avec une série historique pour jeune public, "Les Enfants de la Résistance".
Depuis peu, il nous parle de son amour des vieilles mécaniques avec "Garage de Paris", "La Naissance de la 4CV" ou encore avec une bio de Jacky Ickx. Des récits nostalgiques mais historiquement rigoureux.
Déjà tout petit, Benoît Ers dessinait dans ses cahiers d'écolier. A 17 ans, il remporte le concours scolaire de BD à Angoulême. Après sa formation à l'école des Beaux Arts d'Epinal, il reçoit une proposition de Marsu Productions, chez qui il travaille pendant six mois, ce qui lui permet de s'installer à Liège comme illustrateur indépendant, et de commencer à dessiner pour le magazine « Spirou ».
Un début de carrière plutôt facile et prometteur pour ce jeune auteur, qui rencontre très vite son complice avec qui il va collaborer pendant des années, Vincent Dugomier. A deux, ils créent « Muriel et Boulon » au Lombard, série humoristique, puis s'engagent sur la piste des « Démons d'Alexia », et laissent libre cours à leur envie d'explorer un univers plus menaçant, dominé par les forces du mal.
Une belle collaboration, qui fait dire à Benoît Ers : « j'ai fait le scénariste qu'il est, et il a fait le dessinateur que je suis ». Ils ont travaillé ensuite sur « Hell School » où l'on découvre un univers fait de mystère et de suspense, dans une robinsonnade inquiétante, répondant admirablement bien aux normes du genre. "Les Enfants de la Résistance" présage à nouveau d'une belle collaboration!
Grandir et résister
Que l'on ait lu ou non le premier volume importe peu. On peut très bien débuter par ce second volet des aventures de ces trois jeunes gens que sont François, Eusèbe et Lisa. Je dis cela car ma cadette de 11 ans l'a fait sans soucis. Elle n'a pas été perdue et au contraire, cela n'a fait que renforcer sa curiosité pour ces destinées. Ma grande de 14 et moi-même avons aussi apprécié et souhaitons plus que jamais connaître la suite.
L'intrigue n'est pas gaie et dans cet album, les choses se corsent. Les premières victimes qui ne sont plus seulement des anonymes tombent. Forcément cela va faire grandir nos apprentis héros.
La guerre est de moins en moins lointaine, les divisions se renforcent, mais la résistance aussi par petites touches.
Très bien mené, le récit est prenant. Il est aussi historique, véridique. Je suis certaine que des questionnements entre génération peuvent apparaître tant l'identification aux protagonistes est possible. Cette lecture ne laisse pas indifférent.
A noter qu'à la fin de l'album est disponible plusieurs pages de documents et d'explications de faits relatés au cours de ce tome. Ils encrent l'Histoire dans l'esprit des jeunes lecteurs. C'est bien pensé et assez pédagogique. Je ne peux qu'encourager ce type de démarche.