Dans les années 1950 les femmes les plus en vue de la société New Yorkaise sont surnommées les “Cygnes”. Certaines, connues pour leur élégance, font la une du magazine “Vogue”. C’est le cas de Barbara "Babe" Cushing Mortimer Paley qui incarne le style absolu de cette petite société de la gentry des beaux quartiers de la ville. Celle que l’on surnomme “Babe” se situe au sommet d’une pyramide à laquelle appartiennent les Stuyvesant, les Vanderbilt et les Roosevelt. C’est le New York des premières somptueuses au Met; des bals et des banquets de bienfaisance ; des
trottoirs larges et propres, que n’encombrent ni chariot, ni enfants qui jouent. Des familles hyper privilégiées qui ont vue sur le parc, la rivière, le pont, et non sur des murs de briques noirs de suie ou de ruelles humides. Le New York des pièces de théâtres, des film, des livres, celle du “New Yorker” et de “Vanity Fair”.
Babe Paley a beau être celle que tout le monde regarde, être formidablement riche et mariée à un homme à l’influence considérable, le magnat Bill Paley, elle vit enfermée dans une tour de solitude enveloppée par une brume d’élégance et de raffinement. Pourtant une rencontre va changer la vie de Babe, celle qu’elle va faire avec le fantasque et anti conformiste écrivain Truman Capote. C’est le coup de foudre entre ces deux êtres insaisissables et hors normes. D’un côté la plus fascinante des créatures New Yorkaise, de l’autre l’écrivain prodige et scandaleux qui rêvait d’une “gentry notoriety”. Babe Paley sera son sésame, la carte maitresse qui l’introduira dans tous les salons de cette société hyper select.
Melanie Benjamin nous propose une peinture à fois réaliste et terrible de cette relation entre ces deux êtres si différents et pourtant si complémentaires. Elle sait combler les trous d’ombre de l’histoire réelle avec un grand à propos fictionnel . C’est un roman somptueux où la notoriété et les jolies toilettes cachent le prix qu’un conte de fées exige. “Les cygnes de la cinquième avenue” est un roman totalement fascinant.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Léger et pertinent
On se trouve plongé dans le New York des années 50s, autour d’une table de la Côte Basque dans le cercle sélect de la haute caste New Yorkaise et plus particulièrement de celui de Truman Capote et de ses Cygnes. Des femmes extrêmement riches et bien habillées qui composent toute la mode de leur temps. Un monde de superficialités et de faux-semblants où l’expression « femme oeuvre d’art » prend tout son sens.
J’ai quasiment tout adoré dans ce roman. Sa valeur biographique sur la vie de Truman Capote et la complexité de sa personnalité, la dénonciation silencieuse du rôle figuratif de la femme à cette période, la notion de perfection que l’auteur fait prendre racine à travers le personne de Babe et qui est si touchante. Mais surtout, j’ai été émue par la relation si belle et exclusive qui unit Babe Paley avec Truman. Un attachement si puissant l’un avec l’autre que le mot « âme-soeur » semble presque si accordé. Un amour qui n’en est pas un, une amitié qui n’en est pas une. Un lien si particulier qu’il navigue entre ces deux sentiments.
Enfin mention spéciale pour l’écriture à l’image du roman. Douce, légère, élégante, piquante. Je ne m’attendais pas à tomber sur un livre comme celui-ci. J’avais peur de tomber dans une ambiance trop superficielle et sans profondeur, et Mélanie Benjamin a réussi à marier les deux sans coupure sèche.