Les Côtes barbares. Pilleurs d'épaves et sociétés littorales en France (1680-1830)

Par : Alain Cabantous
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  • Nombre de pages312
  • FormatePub
  • ISBN978-2-213-64731-9
  • EAN9782213647319
  • Date de parution01/04/2014
  • Copier CollerNon Autorisé
  • Protection num.Adobe & CARE
  • Taille2 Mo
  • Infos supplémentairesepub
  • ÉditeurFayard

Résumé

Jusqu'au milieu du siècle dernier, les habitants de la plupart des régions littorales furent tenus pour des demi-sauvages rebelles à l'autorité venue du dehors et sur qui l'effort séculaire de civilisation des moeurs n'avait produit que peu d'effets. Il est vrai qu'ils étaient à peu près coupés de l'intérieur et que leur environnement les différenciait des populations d'une France terrienne qui s'intégrait lentement mais sûrement.
Pour une part, ils vivaient d'activités s'apparentant à la cueillette: pêche, récolte du varech et, quand les flots se montraient généreux, récupération de marchandises ou d'éléments de navires venus s'échouer sur les côtes. Tout ce que la mer apportait à ces gens pauvres et frustes était pour eux un don du Ciel: quelques bouts de bois pour se chauffer, un morceau de fer pour fabriquer un outil, une guenille, les grands jours une barrique de vin ou même quelque denrée coloniale à monnayer...
Comment demander à ces communautés de croire, comme on voudrait les en convaincre, qu'ils commettent là un péché grave, qu'ils lèsent le roi, c'est-à-dire l'Etat (à qui reviennent en principe les épaves) et se comportent en barbares? La répression, parfois brutale, souvent maladroite, toujours source de malentendus, ne fait que souder davantage encore des populations unies par une solidarité profonde: on refuse de parler et surtout on ment aux enquêteurs, et il n'est pas rare de voir des curés, des seigneurs fermer les yeux _ quand ils ne tirent pas eux-mêmes profit de ces trafics illicites.
De là à diaboliser les gens des côtes et à leur prêter les pratiques les plus inhumaines, il n'y a qu'un pas, qui sera franchi à l'époque romantique par les écrivains et les folkloristes des villes. On assure qu'ils allument des feux la nuit pour tromper les navires en difficulté, qu'ils massacrent impitoyablement des équipages entiers, qu'ils mettent ensuite les cargaisons en coupe réglée... Le mythe acquiert alors une vigueur telle qu'il a encore cours aujourd'hui, même si les historiens ne trouvent rien de tel dans leurs dossiers et même si les plus élémentaires règles de la propagation de la lumière s'inscrivent en faux contre cette fable...
Agrégé d'histoire, docteur ès lettres, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de l'histoire des sociétés maritimes sous l'Ancien Régime, Alain Cabantous a déjà publié chez Fayard Le Ciel dans la mer. Christianisme et société maritime, XVIIe siècle (1990).
Jusqu'au milieu du siècle dernier, les habitants de la plupart des régions littorales furent tenus pour des demi-sauvages rebelles à l'autorité venue du dehors et sur qui l'effort séculaire de civilisation des moeurs n'avait produit que peu d'effets. Il est vrai qu'ils étaient à peu près coupés de l'intérieur et que leur environnement les différenciait des populations d'une France terrienne qui s'intégrait lentement mais sûrement.
Pour une part, ils vivaient d'activités s'apparentant à la cueillette: pêche, récolte du varech et, quand les flots se montraient généreux, récupération de marchandises ou d'éléments de navires venus s'échouer sur les côtes. Tout ce que la mer apportait à ces gens pauvres et frustes était pour eux un don du Ciel: quelques bouts de bois pour se chauffer, un morceau de fer pour fabriquer un outil, une guenille, les grands jours une barrique de vin ou même quelque denrée coloniale à monnayer...
Comment demander à ces communautés de croire, comme on voudrait les en convaincre, qu'ils commettent là un péché grave, qu'ils lèsent le roi, c'est-à-dire l'Etat (à qui reviennent en principe les épaves) et se comportent en barbares? La répression, parfois brutale, souvent maladroite, toujours source de malentendus, ne fait que souder davantage encore des populations unies par une solidarité profonde: on refuse de parler et surtout on ment aux enquêteurs, et il n'est pas rare de voir des curés, des seigneurs fermer les yeux _ quand ils ne tirent pas eux-mêmes profit de ces trafics illicites.
De là à diaboliser les gens des côtes et à leur prêter les pratiques les plus inhumaines, il n'y a qu'un pas, qui sera franchi à l'époque romantique par les écrivains et les folkloristes des villes. On assure qu'ils allument des feux la nuit pour tromper les navires en difficulté, qu'ils massacrent impitoyablement des équipages entiers, qu'ils mettent ensuite les cargaisons en coupe réglée... Le mythe acquiert alors une vigueur telle qu'il a encore cours aujourd'hui, même si les historiens ne trouvent rien de tel dans leurs dossiers et même si les plus élémentaires règles de la propagation de la lumière s'inscrivent en faux contre cette fable...
Agrégé d'histoire, docteur ès lettres, chargé de recherche au CNRS, spécialiste de l'histoire des sociétés maritimes sous l'Ancien Régime, Alain Cabantous a déjà publié chez Fayard Le Ciel dans la mer. Christianisme et société maritime, XVIIe siècle (1990).