Le rocher des proscrits

Dans ce roman historique et intime, Salim Bachi cisèle avec une rare finesse littéraire un Victor Hugo en pleine crise existentielle Septembre 1853, un an maintenant que Victor Hugo a trouvé refuge sur l'île de Jersey à la suite du coup d'État de Napoléon le Petit. Le grand homme n'est pas venu seul, il est entouré de ses proches le splus intimes, Adèle et ses trois enfants sont à ses côtés dans la grande maison de Marine Terrace qui domine l'océan impétueux.
Juliette Drouet, sa maîtresse adorée, vit dans le village voisin. Hugo va et vient entre ces deux foyers, en proie à la colère, la frustration, la tristesse et la mélancolie, dans un constant souvenir déchirant de sa fille Léopoldine disparue dix ans auparavant. Vivant hors-sol au cour d'une communauté de proscrits radicaux qui admirent l'homme de lettres tout en lui rappelant comment il s'est trahi pendant les journées de juillet 1848 en faisant tirer sur la foule rebelle de Paris, Hugo est comme enfermé en lui-même, ressassant ses pensées.
Comme ses années de gloire paraissent lointaines ! La France vit désormais sous le joug de la tyrannie, ses anciens amis, comme Balzac ou Nerval, sont dispersés aux quatre vents quand ils ne sont pas morts. La révolution romantique ne fut-elle qu'un songe éveillé ? Quand un proscrit dénommé Hubert est accusé de trahison avec l'Empire, Victor n'hésite pas à prendre la parole pour le défendre afin de lui éviter la peine de mort.
Après un vibrant plaidoyer humaniste et politique, Hugo parvient à sauver sa tête. Mais, quelques jours plus tard, à peine libéré, on retrouve son corps crucifié. En s'intéressant à cet homme, qui a bafoué la cause républicaine par amour, Hugo revient à lui-même et pense à ses propres échecs, erreurs et trahisons. Le Rocher des proscrits est un petit bijou littéraire qui vous transporte dès les premières lignes au milieu du XIXe siècle.
Par sa langue et son vocabulaire presque hugolien, Salim Bachi dresse le tableau d'un Victor Hugo particulièrement émouvant, celui d'un homme au mitan de sa vie, en proie à une profonde crise existentielle.