Saperlipopette.
Ce mot n'est probablement pas assez puissant pour exprimer mon ressenti personnel autour de cet ouvrage, c'est pourquoi je vais vous développer mon arsenal d'arguments.
Philanthrope de père en fils et membre régulier de la confrérie des lettres creuses, je me sens tout à fait aise pour contempler de haut et analyser de prêt ce rectangle de papier signé des noms d'Amiel et d'Emilien. Harmonieux patronymes complémentaires qui me rappellent à quel point le mien est plus prestigieux du fait que je suis quelque chose et non rien. Passons au bouquin.
15€, 150 pages,
10 centimes la page. Pour donner une idée à ceux qui n'ont pas l'habitude de côtoyer des sommes aussi ridicules, cela représente le prix d'un bonbon sucré pour les gueux. Il faudra multiplier cette somme par 1.300 milliards pour obtenir le prix du yacht de l'ami Arnault. C'est dire...
Sobre et épurée, la couverture extérieure du livre laisse à désirer. Ce n'est pas le tout d'écrire un livre, il faut aussi savoir faire bander le client. À titre strictement confidentiel, je n'ai eu qu'une demi-molle. Le papier glacé n'aurais pas été de trop pour le coup.
Le titre : "Le progrès ne tombe pas du ciel"
Intriguant et ambiguë, ce titre force le suspens. On aurait presque envie d'ouvrir le livre à la fin pour connaître la chute et ranger le livre dans le lave-vaisselle. Mais cela ne sert à rien puisque la chute est déjà connue de tous (Macron démission). Donc je l'ai ouvert à la première page.
À ma grande surprise, ce fut une page blanche. Croyant que le livre était défectueux, je me mis à paniquer. Hésitant entre joindre l'éditeur, le police ou a tourner la page. Au bout de 3 heures et demi de réflexion intense sur le choix que j'allais entreprendre, je finis par tourner la page. Sage décision puisque la suivante contenait l'inscription du titre ainsi que de l'édition et des auteurs. Soulagement donc, ce livre est normal.
Un rail de poudre de perlimpinpin m'aida à retrouver mes esprits.
Ayant fini de lire cette page, je tourna la suivante. La page était blanche.
Me rappelant de ma précédente réflexion, je décida de tourner l'autre page suivante.
Elle était blanche. Encore.
Puis la suivante de l'autre page suivante.
Blanche.
Et l'autre, blanche.
Blanche.
Blanche.
Blanche.
Blanche.
Blanche.
Tu comprends le délire quoi ? T'es pas un gens qui n'est rien ? Tu comprends ?
Toutes les pages de ce livre sont blanches.
Du vide. Du vide intersidéral sidérant.
Saperlipopette !
Le progrès ne tombe pas du ciel mais les lettres non plus.
Marc-Alexandre De La Bruyère
Bonne analyse historique et sociologique, avec domaines d'application des propositions
1 - Les auteurs sont des hommes de réflexion. En rédigeant un "Manifeste" ils expriment un sentiment et un constat largement partagé actuellement :
" - De 1960 à 1980 alignement des planètes pour que chacun ait les moyens de réaliser ses ambitions : croissance économique, massification scolaire, progrès des droits individuels, défaite des totalitarismes et tutelles religieuses et patriarcales
- Depuis frustrations : un grand immobilisme avec réduction des possibles et contradiction entre le dire et le réel."
2 - Ils n'exposent pas de critiques dirigées, inutile de contester leur travail sinon cette contestation illustre la situation de blocage actuelle !
3 - Il faut casser les rentes, les corporatismes, réguler les gros héritages, favoriser l'école, l'éducation vie entière, la mobilité, ouvrir les possibles, déconcentrer Paris, briser les GAFA, favoriser les régions et l'Europe sur des projets ciblés