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Une prose intense, lyrique pour le portrait d'une Amérique exsangue et désespérée.
Plongez avec le nouveau roman de Michael Farris Smith au coeur du delta du Mississipi
Abandonné à la naissance, Jack est passé d'orphelinats en foyers, avant que Maryann, une lesbienne mise à l'écart par la bonne société de Louisiane, le prenne sous son aile. Aujourd'hui celle-ci vit ses derniers jours et sa propriété est menacée par les banques.
Jack, qui veut à tout prix conserver cet héritage, doit trouver l'argent nécessaire. Mais, le corps cassé par une vie de combats, ravagé par de multiples addictions, il ne se sent plus la force d'avancer. D'autant plus qu'il doit aussi affronter Big Momma Sweet, qui règne sur cet empire du vice qu'est le delta du Mississippi.
Michael Farris Smith écrit mieux que personne sur le désespoir américain.
Après Nulle part sur la terre, il s'impose ici définitivement comme la voix des exclus, des survivants, des combattants, aussi. Si le portrait est noir, l'écriture est d'une poésie rare, et le lecteur ne peut lâcher ce livre, qui oscille peu à peu de l'ombre vers la lumière.
Sombre et intelligent.
Combien sont-ils, ces êtres que la vie semble prendre plaisir à blesser encore et encore ?
Et surtout, comment sont-ils censés inverser le cours des choses, quand chaque jour est un combat pour survivre, toujours plus féroce que celui de la veille ?
Jack Boucher fait partie de ces oubliés.
Abandonné quand il était bébé, baladé de foyers en familles d’accueil, il est tout juste âgé de 12 ans quand il arrive chez Maryann.
Cet enfant, nerveux, malheureux et furieux, est persuadé qu’elle est comme les autres.
Qu’elle ne le gardera pas.
Qu’elle ne l’aimera pas.
Qu’elle ne le comprendra pas.
Ce qu’il ne peut pas encore savoir, c’est qu’elle est déterminée à lui prouver le contraire, et qu’à force de patience et de tendresse elle y parviendra.
Oui mais voilà, quand la vie vous prend en grippe elle ne relâche pas facilement sa proie.
Des décennies plus tard, celle qui est finalement parvenue à devenir sa mère est alitée, dans une maison de retraite, avec la mémoire en morceaux et la vie qui s’en va peu à peu.
Et la maison, leur maison, est menacée de saisie par les banques.
Désormais, la seule chose qui comptera pour Jack, c’est de la sauver. De préserver le seul endroit sur Terre où il a été heureux.
Pour ça, il lui faut juste une certaine somme d’argent.
Rien d’énorme, mais pour cet homme, qui a passé sa vie à aller de mauvais choix en mauvaises décisions, ça ressemble à s’y méprendre au défi de trop.
Celui qu’il risque de ne pas réussir à relever.
Quand vous avez passé votre vie à donner et prendre des coups, que votre corps n’est plus qu’un champ de ruines et que votre moral est à l’avenant, quelle solution vous reste-t-il ?
Peut-être la réponse est-elle dans un dernier sursaut de colère, une volonté farouche de ne pas décevoir, ou dans le hasard d’une rencontre.
Dans le choix entre une pilule bleue ou une pilule rouge.
Ou peut-être n’est-elle nulle part.
Jusqu’à la toute dernière page vous espérerez, vous combattrez, vous réfléchirez au côté de Jack.
Mais quoi qu’il en soit, vous n’aurez pas plus envie de renoncer que lui.
Une histoire sombre, sobre, et malheureusement réaliste.
Un roman à découvrir, parce qu’il est beau, et parce qu’il donne à réfléchir.