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" L'Europe est un jardin. [Mais] la plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin. " Ainsi s'exprimait, quelques mois après l'invasion russe de l'Ukraine et un an avant la guerre israélienne contre Gaza, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell.
L'Europe se fait une singulière image d'elle-même et du monde.
Elle persiste à se penser comme le berceau de la civilisation, l'incarnation du bien et du juste, et à se croire menacée par un environnement mondial où régneraient la sauvagerie, l'obscurité et le mal. Cramponnée à cet imaginaire hérité d'un passé mal digéré et baigné de colonialisme, elle se perd et s'égare, tournant le dos aux valeurs d'humanisme et d'égalité dont pourtant elle se réclame.
Tant que l'Europe et, avec elle, son expression politique, l'Occident, n'auront pas renoncé à leur désir de puissance, ils fédéreront contre eux le ressentiment de tous les peuples qui ont fait l'amère expérience de leur domination au cours des cinq derniers siècles.
Car la " jungle " dont elle s'alarme n'est autre que la sienne, produite par l'aveuglement de la conquête et de l'exploitation. Et c'est dans son propre " jardin " qu'ont germé les idéologies génocidaires dont notre monde peine aujourd'hui à se défaire.
Cet essai est une invite à refonder une Europe soucieuse de la fragilité du monde et du vivant dans la conscience aiguë des périls qui menacent l'humanité.