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Still Life : " nature morte "... ou " vie silencieuse "
Jeanne,
Je pars demain pour Damas. Voilà tant d'années que je ne suis pas allé voir la guerre pour montrer son visage. Et j'ai peur, de nouveau, depuis ce que j'ai vu au Rwanda, peur de ne pas réussir à capter son regard, peur de ne faire que des instantanés qui ne montrent pas la guerre et ne représentent que ses fruits. Alors, tout en livrant aux agences ces clichés mineurs qui feraient les unes de la presse, j'ai prolongé une ouvre, restée secrète, constituée de quatre négatifs.
Ce que cette ouvre donne à voir et que tu seras la première à découvrir ne se réduit à rien. Elle ouvre une dimension vertigineuse sur notre nature humaine.
Je te confie ce travail et te demande de le présenter à Gilles Lespale. Il tient une galerie sur les quais de Seine. Va le voir. Dans chacune des enveloppes, tu trouveras un négatif, le journal que j'ai tenu durant cette période, ainsi que des notes.
Je n'ai réalisé aucun tirage papier de ces négatifs. Tu es seule détentrice des images. Mais s'agit-il encore d'images ?
Pardon d'ajouter du mystère à ta peine.
Et lorsque tu liras cela, sache que je serai à tes côtés.
Enguerrand
Rwanda, Bosnie, Afghanistan, Irak.
Une quête, une enquête.
Quatre carnets de guerre, quatre négatifs.
Quatre jours, un huis clos.
Une ouvre hors du commun, à la frontière de l'horreur et de la beauté.
Des images par des mots
Et voilà un livre fort.
Fort par le thème, la guerre.
Fort par la construction, 4 photographies.
Fort par la langue riche, poétique.
‘’Fiat bellum, et ce fut la guerre.’’
Denis Drummond nous emmène voir la guerre dans les yeux.
Non par la description des horreurs de la guerre, les « photos mineures » telles que les définit Enguerrand, reporter de guerre.
Comme le photographe qui développe ses clichés dans la chambre noire voit petit à petit apparaitre l’image dont il fera le tirage, Denis Drummond par la seule force des mots nous amène à voir chacune des quatre photos comme si nous les avions sous les yeux.
Chacune d’entre-elles nous fait regarder la guerre dans les yeux.
Dans chacune d’entre elles la guerre nous regarde dans les yeux.
Cette guerre dont la ''place est désormais dans l’homme, sur terre, jusqu’à la nuit des temps.’’
Cette guerre qui nous fait trouver ''beau ce qui ne peut pas l'être."
Un peu d’humanité néanmoins. A la violence de la guerre s’oppose l’amour source d’espérance. Demain existe.
Un livre fort, très fort.
A lire.