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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Julien Benda. Toujours d'actualité à l'heure des intellectuels-journalistes spécialistes de la désinformation, de la manipulation d'opinion, de la propagande et de la ruine de la pensée, "La Trahison des clercs" est un réquisitoire contre l'emprise des passions politiques au détriment de la raison et contre une tendance de la culture à devenir une "culture des égoïsmes".
Benda y accuse les intellectuels d'avoir trahi la cause de l'esprit en cédant aux attraits de l'engagement politique. C'est aussi un diagnostic des dangers que courent les démocraties modernes qui s'achève par un cri d'alarme: un monde qui renonce à toute référence et à tout contrôle éthiques court à sa perte, non seulement morale mais aussi matérielle, car c'est un monde livré à toutes sortes de conflits: de nation, de race, de religion, de classe et de groupe.
Cependant, Benda ne bannit pas la passion de l'univers du clerc. Il lui réserve la passion de l'idée et la passion de la connaissance, il lui réserve aussi la passion de la justice et de la démocratie. Sa critique de la violence ne se confond jamais avec l'abstentionnisme et le pacifisme. Au contraire, les valeurs dont il proclame le caractère étemel et absolu l'autorisent à chaque fois à choisir, à distinguer -- du point de vue moral mais en se situant sur le terrain politique -- entre la cause juste et la violation du droit.
La Trahison des Clercs, un essai à lire
Cet essai de Julien Benda a pour principal objet la dénonciation des "clercs" modernes (comprendre les penseurs en général, artistes, scientifiques ou philosophes) qui auraient trahi leur fonction au profit d'intérêts "pratiques" à travers les passions politiques, les nationalismes notamment. Il en appelle alors les clercs à revenir aux valeurs cléricales que sont la vérité, la beauté ou encore la justice, les seules qui soient à la fois rationnelles, statiques, désintéressées est à vocation universelle, c'est à dire humaniste dans la pensée de l'auteur. C'est un appel à ne pas se soucier uniquement du temporel mais de revenir au spirituel sans nécessairement que ce soit dans le cadre d'une religion. La philosophie, l'art ou la science (non la technique, tournée vers l'utilité) en deviendraient presque des spiritualités laïques C'est surtout un appel à conserver nos idéaux avant qu'il ne se dilue dans nos passions individuelles de nation, de classe voire encore de race pour certains. Et notre époque semble avoir grand besoin d'idées comme celles là, tant il reste des clercs, des penseurs autoproclamés qui ont trahi leurs valeurs.