Le roman historique est un genre difficile car il réclame autant de maîtrise littéraire que d’exactitude historique, c’est donc multiplier la difficulté par deux. Il arrive pourtant que l’entreprise donne un résultat surprenant de réalisme. C’est le cas du dernier roman d’Antoine Liard “La Reine des sicambres” qui projette le lecteur dans la Gaule de la fin du Vème siècle au moment du baptême de Clovis. L’évêque Rémi vient en effet de répéter la formule latine consacrée “Ego te baptismo in nomine Patris, et Sprictus Sancti. Pax tibi et cum spirituo sancti.”
Le roi des Francs est désormais chrétien . “Un roi, une loi, une foi” devient la devise de ce qui va constituer les prémisses du royaume de France.
Mais Clovis et ses compagnons n’ont rien d’enfants de choeur, ce sont des guerriers brutaux et instinctifs, et lorsque la belle et jeune Renate, compagne de la reine Clotide, est rudoyée à la fin du banquet par Gondioc, qui sauva Clovis lors de la bataille de Tolbiac, elle n’échappe au viol que grâce à l’intervention du moine Aetius qui égorge le soudard. La reine Clotilde comprend très vite que la place qu’occupait Gondioc auprès de son souverain de mari rend le destin de Renate très incertain. Elle doit fuir sur le champs.
Aetius va taillader la magnifique chevelure de Renate pour la rendre méconnaissable et la voilà partie sur les routes souvent dangereuses et inhospitalières de la Gaule. Ambroise Liard parvient à donner une réelle authenticité aux personnages et aux descriptions de lieux, égayant son récit de dialogue souvent savoureux laissant peu de place à la délicatesse.
L’intelligence du roman de Liard tient au fait qu’il ne se contente pas de décrire une course poursuite entre Renate, son protecteur Euric et les assassins lancés à sa poursuite. Le récit est, en effet doublé, d’une enquête disséminée au fil des pages. Pourquoi veut-on tuer la jeune femme? Que signifie le dessin d’abeille tatoué dans son dos ? Qui a intérêt à la voir disparaitre?
L’incroyable Odyssée de Renate va durer plusieurs mois et l’amener à traverser bien des régions d’une Gaule pleine de contrastes pour comprendre enfin la vérité, sa vérité… On prend beaucoup de plaisir à traverser la Gaule avec Renate, à monter sur des bateaux peu habitués à la présence des femmes, à galoper à travers les terres Burgondes ou Armoricaines, à découvrir la symbolique des abeilles chez les Francs et à s’interroger sur l’origine de ce peuple qui commença le long travail d’unification de notre territoire. Une belle réussite.
Apolinne SEGRAN (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Le roman historique est un genre difficile car il réclame autant de maîtrise littéraire que d’exactitude historique, c’est donc multiplier la difficulté par deux. Il arrive pourtant que l’entreprise donne un résultat surprenant de réalisme. C’est le cas du dernier roman d’Antoine Liard “La Reine des sicambres” qui projette le lecteur dans la Gaule de la fin du Vème siècle au moment du baptême de Clovis. L’évêque Rémi vient en effet de répéter la formule latine consacrée “Ego te baptismo in nomine Patris, et Sprictus Sancti. Pax tibi et cum spirituo sancti.” Le roi des Francs est désormais chrétien . “Un roi, une loi, une foi” devient la devise de ce qui va constituer les prémisses du royaume de France.
Mais Clovis et ses compagnons n’ont rien d’enfants de choeur, ce sont des guerriers brutaux et instinctifs, et lorsque la belle et jeune Renate, compagne de la reine Clotide, est rudoyée à la fin du banquet par Gondioc, qui sauva Clovis lors de la bataille de Tolbiac, elle n’échappe au viol que grâce à l’intervention du moine Aetius qui égorge le soudard. La reine Clotilde comprend très vite que la place qu’occupait Gondioc auprès de son souverain de mari rend le destin de Renate très incertain. Elle doit fuir sur le champs.
Aetius va taillader la magnifique chevelure de Renate pour la rendre méconnaissable et la voilà partie sur les routes souvent dangereuses et inhospitalières de la Gaule. Ambroise Liard parvient à donner une réelle authenticité aux personnages et aux descriptions de lieux, égayant son récit de dialogue souvent savoureux laissant peu de place à la délicatesse.
L’intelligence du roman de Liard tient au fait qu’il ne se contente pas de décrire une course poursuite entre Renate, son protecteur Euric et les assassins lancés à sa poursuite. Le récit est, en effet doublé, d’une enquête disséminée au fil des pages. Pourquoi veut-on tuer la jeune femme? Que signifie le dessin d’abeille tatoué dans son dos ? Qui a intérêt à la voir disparaitre?
L’incroyable Odyssée de Renate va durer plusieurs mois et l’amener à traverser bien des régions d’une Gaule pleine de contrastes pour comprendre enfin la vérité, sa vérité… On prend beaucoup de plaisir à traverser la Gaule avec Renate, à monter sur des bateaux peu habitués à la présence des femmes, à galoper à travers les terres Burgondes ou Armoricaines, à découvrir la symbolique des abeilles chez les Francs et à s’interroger sur l’origine de ce peuple qui commença le long travail d’unification de notre territoire. Une belle réussite.
Apolinne SEGRAN (CULTURE-CHRONIQUE.COM)