La pensée des anciens Mexicains

Ce livre était épuisé en France, depuis quinze ans. Il est le résultat de dix années de fouilles sur le site de Teotihuacan, que Laurette Séjourné a effectuées dans le cadre de ses travaux à l'Institut national d'archéologie de Mexico. Publié, pour la première fois, dans les années soixante au Mexique, il a rapidement pris valeur, dans toute l'Amérique latine, d'un classique indispensable à la compréhension des civilisations pré-hispaniques : il en est, en effet, la première approche d'ensemble, qui se situe en dehors des catégories de l'historiographie européenne. "Rarement un ouvrage nous a paru aussi limpide, aussi merveilleusement évocateur que celui-ci, surtout dans sa première partie.
Sans doute, peut-on lui reprocher de vouloir trop mettre en formules la magie et la religion ; sans doute, peut-on ne pas être d'accord avec lui, quand il veut affirmer l'antériorité de la société magique sur la société religieuse. Le sujet traité nous est encore trop étranger, pour que nous puissions nous prononcer sur le bien-fondé des thèses avancées. Celles-ci sont étayées par des extraits, parfois longs, de textes, par 82 dessins expliqués.
Il n'en est pas moins vrai que, de façon presque continuelle, l'auteur propose une vision originale des faits méso-américains, qui s'éloigne considérablement de celles d'un Soustelle ou d'un Simoni : que ce soit dans les notations de détail, ou dans l'explication des structures fondamentales (accent mis sur les tendances monothéistes, examen de la raison d'être des sacrifices humains). Il est vrai que les études mexicaines ne sont pas encore très avancées : cela explique peut-être que l'on n'ait pas, avant ce jour, cherché à comprendre l'origine de la "confession", ni insisté suffisamment sur les rites baptismaux.
L'insistance avec laquelle L. Séjourné souligne l'ambiguïté de la pensée mexicaine, et tant d'aspects inconnus, contribue largement à la séparer de ses devanciers. Mais ce qui la caractérise davantage encore, c'est sa façon d'aborder les problèmes, de croire à une richesse culturelle insoupçonnée, de se donner à son sujet avec une ardente sympathie, avec une profonde compréhension de la spiritualité." Jean-Paul Roux, Revue d'histoire des religions