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Pour la première fois, une synthèse globale sur la Guerre Civile (1917-1922), qui ne se focalise pas sur la geste communiste mais interroge tous les acteurs de cette tragédie russe (Rouges, Blancs et Verts).
1917. La révolution de Février, puis le coup d'Etat bolchevique en octobre plongent l'ancien empire des tsars dans une tragique guerre civile. Les rouges, partisans de la révolution mondiale et d'une dictature du prolétariat aussi messianique que totalitaire ; les blancs combattant d'abord et avant tout pour la défense de la patrie russe ; les paysans, essentiellement préoccupés par la propriété de la terre ; les Alliés et les Allemands, pour lesquels la Russie n'est qu'un théâtre de rivalités et d'intérêts : autant d'acteurs, souvent divisés dans leur propre camp, d'un chaos indicible.
Dans une Russie aux distances continentales et à la nature indomptable, le conflit, cinq ans durant, désintègre l'Etat et la société dans une violence inouïe qui totalise environ 10 millions de victimes.
Pour mieux cerner les implications profondes de cet événement dantesque, et le raconter, il fallait la connaissance intime de l'âme russe d'Alexandre Jevakhoff. Sous sa plume se lisent l'immensité et la diversité d'un champ de bataille où se déroule une guerre de mouvements, où s'impose un système terroriste, où s'affrontent des hommes que tout semble opposer.
Alors que les dirigeants rouges - Lénine, Trotski, Dzerjinski, Staline - portent partout le fer et le feu de la révolution, les généraux blancs - Alekseiev, Kornilov, Denikine, Koltchak, Vranguel - découvrent les intransigeances d'une guerre civile à laquelle ils n'ont pas été préparés et qui les oblige, comme nombre d'intellectuels et d'hommes politiques, à accepter un bouleversement mental et moral.
Le résultat de ce travail de longue haleine, alimenté en particulier par des archives russes, est exceptionnel : il s'agit de la première étude complète et dépassionnée de ce moment méconnu mais essentiel de l'histoire du XXe siècle.
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Alexandre Jevakhoff revient sur l’une des pires périodes qu’a connue la Russie. De 1917 à 1922 une épouvantable guerre civile va disloquer la société et l’état russe opposant révolutionnaires rouges qui veulent voir triompher le processus dans lequel ils ont engagé le pays et combattants blancs qui tentent d’inverser le cours de l’histoire. La révolution de Février puis le coup d’Etat bolchévique n’ont pas été acceptés par l’ensemble de la population. Une révolution ouvrière dans un pays où la paysannerie domine très largement est déjà un paradoxe en soit mais la guerre civile obéit elle à une logique implacable: c’est un combat à mort parce que de part et d’autre les oppositions sont absolues, et les adversaires irréconciliables. La guerre civile russe sera un maelstrom qui va entraîner les acteurs dans un tourbillon où aucun acteur ne sera en mesure de contrôler les circonstances pendant ces cinq années.
Alexandre Jevakhoff connait parfaitement cette période de l’histoire d’une Russie qui n’était pas encore tout à fait soviétique. Le conflit qu’il décrit par le détail est d’une brutalité sans limite aidée par une épidémie de choléra qui semble se nourrir des fatigues des combattants. A peine sortie de la première guerre mondiale, les russes s’engouffrent dans un second tunnel sanglant comme si seule la mort pouvait aider à mettre au monde un pays nouveau.
La victoire des communistes a pris du temps et ceux qu’on appelait “les rouges” ont connu bien des revers avant de l’emporter. L’objectif des communistes est d’éliminer toute l’élite et tout ceux qui, d’une manière où d’une autre, ont combattu le pouvoir soviétique. A propos des cosaques qui les combattent avec acharnement Trotsky écrit : “À leur manière, les cosaques forment une espèce zoologique et rien d’autre (…). Le vieux genre cosaque doit être brûlé dans les flammes de la révolution sociale (…). Que les derniers restes, comme les cochons de l’Evangile, soient jetés dans la m…” La violence du propos souligne bien la haine qui habite chacun de ceux qui participent à ce conflit tellurique. Alors que les dirigeants communistes - Lenine, Trotsky, Dzerjinski, Staline – portent partout le fer et le feu de la révolution, les généraux blancs – Alekseiev, Kornilov, Denikine, Kolchak, Vrangel- doivent affronter une guerre à laquelle ils n’étaient pas préparés et qu’ils vont perdre après une série de bonnes et de mauvaises fortunes. Les 5 millions de combattants rouges ont triomphé des blancs dont des milliers d’officiers – y compris de très jeunes gradés - sont fusillés. L’opposition blanche est décapitée et va s’effacer progressivement de la mémoire de la population russe au profit d’une histoire officielle réécrite par les vainqueurs.
“La guerre civile russe” est le résultat d’un long et exigeant travail d’archives qui offre au lecteur la possibilité d’embrasser la totalité d’un conflit souvent limité à l’anecdote où à quelques épisodes célèbres comme celui de la guerre du rail. L’étude menée par Alexandre Jevakhoff a le mérite de dépassionner le débat et de reprendre les faits - exactement un siècle après le début de la guerre civile russe - avec toute la mesure qui devrait toujours caractériser le travail de l’historien.
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)