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31 décembre 1946 : le corps d'un garde-chasse criblé de plombs est découvert gisant dans un étang de la Brenne. Trois cours d'assises condamnent pour ce meurtre deux braconniers, Raymond Mis et Gabriel Thiennot. Au soir du troisième verdict, rendu à Bordeaux en 1950, l'affaire semble close et Maurice Garçon, l'avocat de la partie civile, pense pouvoir archiver son dossier.
Trente ans plus tard, plusieurs livres fondés sur des approximations, des hypothèses fantaisistes et des ragots proclament urbi et orbi l'innocence des condamnés.
Les médias s'en emparent. Présentant avec complaisance ces hypothèses et ces rumeurs comme l'expression de la vérité, leur jugement est sans appel : Mis et Thiennot ont été victimes d'une erreur judiciaire ! La justice est sommée de présenter ses excuses. Malgré les pressions, la Cour de révision des condamnations pénales sait préserver son indépendance : six requêtes en révision des procès, déposées entre 1983 et 2015, sont rejetées.
Pour combien de temps ? Fort du soutien d'une opinion manipulée, une septième requête est annoncée.
Comment cela est-il possible ? Comment un « tribunal populaire » fondant ses certitudes sur une ignorance absolue d'un dossier peut-il ainsi prétendre effacer une vérité judiciaire née de débats loyaux et contradictoires ? À l'heure où la Justice déserte les prétoires pour être rendue sur internet et les « réseaux sociaux », l'affaire Mis et Thiennot incarne les dérives et les dangers qui la menacent.
Il ne suffit pas de clamer l’innocence pour convaincre
Ce sont, toutes procédures confondues, 36 juges et jurés qui se sont prononcés définitivement sur la culpabilité des accusés. Il suffit de lire ce livre, très bien écrit et facile à lire, pour savoir que ce ne sont pas seulement leurs aveux qui leur ont été opposés mais un beau faisceau d’éléments qui confinent à la preuve. Quant à l’extorsion de ces aveux par la torture alléguée à longueur de coups médiatiques , elle est contredite par les propres contradictions des accusés et leurs invraisemblables versions autant différentes que rocambolesques. Mais, bien sur, on a l’air tellement plus intelligent et " bien" quand on veut transformer des coupables en innocents plutôt que d’approuver, démonstration à l’appui, une condamnation, au demeurant bien indulgente…
Voir aussi sur le même thème et avec un travail de qualité sur l’affaire Seznec le livre de Michel Pierre « l’impossible innocence ».